Cinéa (1921)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

20 cinea M Le Cin FILMS éma allemand M CUBISTES jkt i jK Il y a en Allemagne des dizaines de maisons du rang de Pathé et de Gaumont : maisons qui représentent dans le monde eette troisième industrie nationale, maisons d'exportation, maisons depropagande, cotées comme des usines et des fabriques de macaronis, selon leur rendement, la longueur kilométrique des films, la célébrité théâtrale d'une étoile, le rang académique d'un auteur, etc. Nous ne nous attarderons pas à ces maisons de commerce : contentonsnous de citer le trust le plus important et le plus influent « Ut a », dont la marque est connue dans le monde entier, sinon en France. Son dernier atout notamment fut effarant : un des rares films européens, qui fut non seulement agréé en Amérique mais qui récolta un succès artistique et matériel très grand : Madame Dubarry, un épisode de la grande Révolution française, porte l'estampille de cette firme allemande. Il est évident d'ailleurs, que la vie cinégraphique d'outre-Rhin ait suivi les mêmes péripéties cpie celle des autres pays, dont la plus grave erreur fut et est encore la transposition pure et simple d'une pièce du théâtre à l'écran. De eette erreur sont nées toutes les méprises des metteurs en scène dés les débuts de ce nouvel art. Or, il y a partout déjà quelques esprits lucides, qui comprennent que et' chemin n'est qu'un cul-de-sac et que, pour atteindre â des réalisations plus adéquates â l'art « de la lumière », il faut changer de fond en comble, les règles et habitudes déjà trop enracinées. Cela est difficile, plus difficile qu'il ne paraît au premier abord. Car la théorie ancienne est dès maintenant trustée, capitalisée, immunisée : la renverser nécessite une révolution tout aussi grave et dangereuse et épineuse, que la nationalisation ou l'électrification de chemins de fer: et ce n'est pas l'ancienne idée mais l'ancien matériel qui s'oppose à tout renouvellement. Devant cet état de choses, l'on comprendra aisément que la réalisation d'une nouvelle technique cinégraphique ne peut être tentée que par des jeunes. En France, le « Film d'Art » et certains artistes groupés ont pris cette voie, avec des succès alternants avec l'énévitable pénurie de capitaux. lien est de même ailleurs. Cependant il semble qu'en Allemagne on soit toujours plus ouvert aux suggestions de la jeunesse, les protagonistes d'une forme nouvelle d'art cinégraphiqueont constitué certaines associations qui vont vers une réalisation de grandes découvertes. Citons entre autres la ïlag, la Neos, la Dêcla, film Gesellschaft, Tout l'art moderne allemand qu'on appelle depuis dix ans exprès. sionniste, était prédestiné à emboîter le pas au film, car son essence même était l'évolution de l'action, l'abandon de la phrase (autant que possible): c'est ainsi que les pièces de théâtre des poètes expressionnistes réduisent au minimum les paroles des personnages, ne leur font dire — en mots hachés et découpés — que le strict nécessaire, mais, par contre, concentrent tout l'intérêt du drame dans l'action des figures. Alors : de là au film, il n'y avait qu'un pas, inévitable. La meilleure preuve fut donnée par une pièce célèbre de Georg Kaiser : Du matin à minuit écrite et préparée entièrement et sans aucune arriére-pensée pour le théâtre, mais dont l'adaptation au cinéma fut une vérité nécessaire et immédiate. Dans le court espace d'un jour, du « matin â minuit », s'accomplit la destinée entière d'un homme, d'un caissier de banque, de cinquante ans, qui a femme et enfants, mais qui, un beau matin en voyant la main rose et parfumée d'une femme lui tendre un chèque â son guichet, comprend toute l'étroitesse de sa vie morose, et s'embarque dans une nouvelle existence. Il vole les soixantemille francs de la caisse et s'imagine pouvoir maintenant vivre, vivre, â la façon des autres, acheter des femmes, l'amour, acheter l'ivresse, la beauté de la vie : il va dans les bals, les bars, dans la rue, il jette l'argent où il peut mais nulle part il ne trouve le plaisir qu'il attendait : la vie n'est pas belle, ~