Cinéa (1921)

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cinea M NOTES M Irène Castle. — Un lévrier court dans un bois de bouleaux. Une danseuse flexible fait l'ëcharpe dans une salle de tango. Un visage d'enfant, une grâce surmenée, des mains mélancoliques, quelque chose de touchant, quelqu'un d'étrange, mais comment voulez-vous que je fasse le portrait d'Irène Castle ? L'écran est un tonneau de Danaïdes et Cie. On y jette à pleins yeux les robes de Cœur d'héroïne, les pyjamas de Cœur d'héroïne, les bonnets cubistes de Cœur d'héroïne, la jeunesse et l'esprit et la vive verdeur, et puis tout continue comme si rien ne s'était passé. Il est vrai que les jours de pluie arrivent cyniquement comme s'il n'avait pas fait soleil le jour d'auparavant. Wagner. — Vous vous étonnez qu'on parle théâtre et musique dans une feuille d'écran et pourtant vous trouvez naturel qu'on parle cinéma dans un coin de tous les journaux de théâtre — Wagner éclate de vie profonde en Tristan. Amadeo Bassi et l'orchestre de Serafin ont arraché toute sa jouissance au deuxième acte. Et voici que le grand Urlus et son Isolde néerlandaise ont trouvé le style de pureté du troisième où tout est amour et mort d'amour qui est plus qu'amour. C'est beau. Mais cela va fâcher Mlle Dussane et n'apprendra point les secrets du rythme aux personnes qui « font des fdms » ou qui font semblant. Mais on donne Molière au Théâtre Français. Mais c'est au Second Théâtre Français (Métro : Odéon) qu'il y a de la musique (Française, oui, oui) de Georges Auric. • Louise Glaum. — Qui diable se mêle de l'embourgeoiser ? Elle a créé et peiné à l'école de Thomas H. Ince. Quand elle parut dans Pour sauver sa race, c'était le petit taureau de Miura qui se jette dans l'arène sournoise avec bien du désordre et une bonne humeur d'entêtement. On nous la rend dans des peignoirs sentimentaux, dans des villas trop neuves, dans des comédies vieillotes. Ce n'est pas çâ, Louise Glaum. Nous voulons cette créature violente, au cou volontaire, au front têtu aux yeux d'enfant dur qu'on a battu et qui battra aussi. • Grock est revenu. — Ce clown franco-anglais est magistral comme un sociétaire. Il jongle avec le rire du spectateur comme font les chinois avec des baguettes et des assiettes. Il jongle avec soi-même. L'autorité de sa bouffonnerie est impérieuse. Qu'il parle î Qu'il chante I Qu'il danse! Qu'il tripotte violon, piano, accordéon — et tout est bien. Derrière la violente gaîté qu'il invente rayonne le style généreux de l'école d'humour où s'instruisirent Little Tich, Max Dearly et, maître de la photogénie, Charlie Chaplin. • Georges Lannes. — Ce sera peutêtre — nous ne demandons que çâ — un interprète de cinéma. Pour le moment, c'est un jeune homme qui tient des rôles de vieux messieurs, de préférence, grands industriels ou présidents du conseil. • La belle dame sans merci comporte parmi nombre d'élégantes minutes animées un beau tableau. On se croirait chez les frères Bernheim. C'est la vision de la piscine, avec la fatale et savoureuse Tania Daleyme. Le tact, la sensibilité, le sens du raccourci, une sorte de style font penser aux Manet du meilleur temps. A quand le nu cinégraphique d'un Renoir nouveau ? On laisse trop â Mack Sennett et â ses baigneuses le soin de développer en moving pictures les plans anatomiques. • Il y a aux Folies Bergères un charmant quart d'heure photogénique. Mais vous avez tous vu déjà ces « Chevaliers de l'Ombre ». Ils étonnent le public, venant après une heure de seins, de cuisses, de fesses et d'esprit si j'ose dire. Mais ils conquièrent et la parade schématique des travestis de satin blanc emmi les rideaux [noirs charme jusqu'à l'enthousiasme et se fixe — fugace chanson floue — en traits précis dans le souvenir. Marcelle Pradot. — Combien vive et harmonieuse dans le Carnaval! Quand on veut opposer les jeunes visages de France aux jeunes visages d'Amérique, on doit la nommer avant tant d'autres. Eve Francis. — Verhaeren. Mallarmé. Claudel. Rimbaud. La Fête espagnole. Le Silence. La Boue. El Dora do. • Elena Sagrary. — Un début. Une nature. Une plastique. Cette Russe d'origine monténégrine et de famille vénitienne domine tous ses dons de celui-ci : l'équilibre. Gaston Jacquet. — Un de nos acteurs qu'on ,voit le plus souvent et le moins à sa place. Supérieurement doué. Inégalement utilisé. Dommage, dommage ! Ses interprétations sont (ou peuvent être) du vrai ciné. • Lili Samuel. — Quel est donc le sculpteur aigu et minutieux qui a modelé cette cire pensive? • Chariot joue Carmen. — Il sait trop que le public aimera ça. Il est moins lui. De. temps en temps, il s'abandonne. Il élargit la parodie jusqu'à la tragédie. L'air girl d'Edna-Carmenetlalourdeur plaisante de MacEscamillo nous rassurent. Charlie a un duel vertigineux. Tous les oignons, tous les jambons, tous les alcarazas meurent de son épée de fer-blanc. Et puis il mourra lui aussi, puisque Don José doit mourir. Il meurt en marge du film. Il meurt, et e'est tout. Deux secondes. L'une de ces deux secondes est charmante. L'autre est magnifique. Vous avez vu mourir Zacconi, Giovanni, Grasso, Chaliapine? Vous avez vu mourir aussi Charlie Chaplin. Je ne veux plus voir aucun ténor au dernier acte de Carmen. Loris Delluc.