Cinéa (1922)

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cinéa elle a le ci Elle l'utilise avec un tel tact, un tel goût, un sens si aigu de la psychologie particulière aux latins que nous sommes, qu'elle a forcé la main aux plus subtils exploitants. A l'heure actuelle, il ne se passe pas une semaine sans que des films allemands ne soient projetés sur l'un ou l'autre de nos écrans. La production qui vient de l'autre côté du Rhin est variée, il y en a pour tous les goûts : du Mérimée, du Balzac, du Zola, du... boche parisianisê aussi, en quantité. L'on voit des films étonnants, renversants, comme ce Cabinet du docteur Caligari, d'autres qui sont tout simplement immondes comme cette Colombine ou Lan Von Montmartre (fleur de Montmartre), certains enfin qui n'ont pas d'autres prétentions que de falsifier la vérité historique I Il convient de signaler particulièrement à l'attention des lecteurs de cette revue, placée, en quelque sorte, aux avant-postes de l'art français du cinéma, les films que voici : La peste à Florence! Titre sensationnel, que d'horreurs en perspective! Que d'atroces tableaux à voir! Que de scènes déchirantes et belles à admirer aussi, peut-être? Le Genevois reconstruit en imagination la ville heureuse, brusquement ravagée parla terrible épidémie... Que voit-il? Des édifices en carton pâte, le plus épouvantable chaos qui se puisse rêver dans les costumes, la figuration, la mise en scène, l'esprit du film. La peste sévit en 1348; nos florentins ont les vêtements des contemporains de François Ier! Les salons abritent les œuvres de Michel-Ange, du Donatello, de Raphaël. Les grands princes de l'église traînent leur hautaine impudeur dans les boudoirs des courtisanes, le monde est nain et bas, insouciant, vil très souvent. L'effet est produit et le but atteint, Aussi, le malheureux curé rencontré par hasard à la sortie est-il fortement « allumé » parles « troisièmes» ; la belle civilisation latine, de par la volonté de l'allemand n'offre plus qu'un spectacle de basse pourriture et le bon public, celui qui ne pense pas, celui cpii manque de fond est convaincu. Ainsi, ce sont ces lamentables pauvretés que l'on prétend imposer à tous les publies neutres comme vérité d'évangile et comme œuvres d'art. Ah non! nous protestons et nous protestons de plus belle avec Colombine. Vous croyez voir une œuvre belle et charmante comme son titre. Nous voulez, admirer le sourire de Watteau et la délicatesse de Greuze et l'on vous présente sous ce titre trompeur des scènes de canailleries qui se passent vous vous en doutez... à Paris, bien entendu. D'ailleurs, peut-il y avoir dans une autre ville d'Europe, à Berlin, par exemple, des types aussi sanglants? Non, pas du tout; c'est Paris, Paris ce pelé, ce galeux d'où vient tout le mal! Evidemment, le bon provincial qui n'a jamais foulé d'autres asphaltes que celui des quais et des rues de sa ville natale, ne trouve pas assez de mots pour flétrir l'attitude des apaches de Paris, et la faiblesse de la police française qui laisse se perpétrer de tels crimes. Et quand vous saurez que le grand Julot c'est Emil Jeannings vous penserez que celui-ci « en met » pour corser le menu La France est pourrie et l'allemand le prouve. A propos de Jeannings qui gagne 2 millions par an dans son pays, il est peut-être utile que je vous le présente Imaginez un Henry Krauss boche plus carré, plus trapu, plus terrible; son masque est énergique, mieux : dur! Cet homme est une puissance, mais une force merveilleusement souple qui sait être Charles VIII et Danton, grand soldat et cynique bandit avec un tel brio que l'on en reste confondu. Au demeurant, une brute civilisée qui fait peur et force l'admiration malgré tout. C'est ce tragédien, véritable incarnation de l'esprit de son pays que les metteurs en scène berlinois ont choisi pour interpréter : La mort de Danton. Comme Jeannings est un consciencieux, un méticuleux, si vous préférez, il s'est donné un mal du diable pour attraper la silhouette — si peu connue en somme — du grand révolutionnaire. Il nous avait naguère, donné ne portrait physique assez exact du roi Henry VIII, hier il s est acharné à présenter un Danton farouche, sensuel et emporté par la passion II faut le voir lancer son regard trouble et oblique! Donc, au physique, une réserve à peine, mais au moral! Grand Dieu! Rien de plus laid, de plus sot, de plus bas n'a été fait dans ce sens, rien n'a été aussi abject que cette Mort de Danton qui a, vous le devinez, attiré la grande foule pendant toute une semaine. Les uns y ont été, alléchés par le titre, d'autres, ceux du rang social plus élevé, par simple curiosité. Les premiers n'ont vu que la mise en scène, ces affreux sansculottes et ses grues habillées en « marquises », les autres, heureusement, sont sortis du spectacle dégoûtés à jamais du film historique allemand. Danton apparaît. Mais quel Danton? Le mari tendre et aimant? Non! le tribun sensuel, celui qui trousse les filles, qui se vautre dans la la fange, qui passe sa vie en noces crapuleuses, l'esclave de ses sens, le dégénéré qui se soucie du bien publie comme de sa première chemise. Pouah! ça, Danton? l'animateur, l'auteur de la phrase immortelle : De l'audace, encore de l'audace? Ça Danton? Ce Don Juan inassouvi, à la recherche de la première lèvre mercenaire et volant le moindre baiser sur n'importe quelle joue. Mais, somme toute, ceci n'est rien. Tenez-vous bien, mes amis : Danton rencontre un beau matin la belle Lucile, la tendre épouse de Camille, et sitôt vue sitôt fait, Danton devient son amant, là sans autre, sans résistance de la part de cette femme et de cette mère admirable qui écrivait encore en face de la mort : « Je te quitte, ma chère maman; je vais m'endormir dans le sommeil de l'innocence. » Comment faut-il qualifier une telle vilenie; est-ce du sadisme? On peut le dire n'est-ce pas? 11 fallait la froide audace du boche pour oser salir une aussi belle figure que celle de Lucile Desmoulins après avoir déshonoré au delà de toute expression le grand pontife raisonnable que fut Danton. Toutefois, l'allemand est habile. Quand il s'aperçoit que le public en a eu pour son argent, il lui montre des films où l'esprit le plus critique ne trouve rien à reprocher Dans cette catégorie, il convient de mentionner notamment Hamlet. C est une remarquable adaptation du chef-d'œuvre de Shakespeare, remarquable surtout par la valeur in