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LA MORT DU SOLEIL
Quelle valeur faut-il attacher à la théorie, chère à Flaubert et à Théophile Gautier, de l'Art pour l'Art? Puisque les préoccupations morales, sociales, politiques existent dans la vie, pourquoi n'aurait-elles pas leur place clans l'art ? En partant de cette donnée on voit immédiatement quel critérium s'impose : il ne faut pas que la conclusion morale, sociale, politique soit surajoutée à l'œuvre; il faut qu'elle se présente ainsi que se présentent les conclusions analogues que nous tirons de la vie, quelle ressorte des faits. Telle s'offrait la leçon — je choisis deux exemples fort divergents de La Charrette fantôme ou de Fièvre; telle surgit, forte et inéluctable, celle de La Mort du Soleil.
De toutes les questions angoissantes que l'existence pose autour de nous, celle de la tuberculose — de la vie et de la mort de millions d'êtres, victimes de tares familiales, de conditions d'existence qu'aggrave, soit la barbarie, soit la civilisation, est une des plus tangibles. Et il faut louer M. André Legrand de l'avoir mise en lumière dans une œuvre rude et salutaire, dont la foule comprendra la noble et généreuse portée.
Mais dans cette œuvre, et en dehors de sa valeur sociale, il y a autre chose : la subtile et audacieuse interprétation de Mme Germaine Du lac en a fait une des plus ingénieuses et intéressantes tentatives pour arriver à la création de ce langage cinématographique dont le développement futur donnera seul au septième art une vie autonome.
Toutes nos idées — le mot même lin diquerait si les psychologues ne l'avaient pas depuis longtemps dégagé— sont des images : il n'est donc pas d'idée que limage ne puisse rendre, ni de sensation ou de sentiment.
C 'est dans ce sens que Mme (iermaine Dulac a cherché, toutes les fois que le scénario en fournissait l'occasion, à peindre la vie intérieure des deux personnages prédominants — le docteur Faivre et Marthe. — Elle y parvient, tantôt en les montrant Immobiles en leurs gestes, mais actifs en leurs pensées, d'une activité que trahit le mouvement des êtres et des choses qui, par une transposition hardie, mais philosophiquement justifiée, apparaissent aaies par leur esprit.
Tantôt, dans des essais de monologues, de sous titres ou de dialogues
muets, elle nous montre, dans une âme, entre deux aines, le dramedégagé du mot (par exemple lorsque Faivre et Marthe travaillent
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ensemble au livre, dans les scènes de la 5e partie.
Les épisodes reproduits ci-contre en négatif, (nos lecteurs feront la transposition nécessaire) illustrent cette conception directe du cinéma, tendant à se dégager des balbutiements primitifs, à parler par luimême, et non comme un muet qui serait obligé de crayonner ce qu'il veut faire entendre
Nous voyons par exemple le docteur Faivre étendu sur son lit tout le corps rigide, le regard seul mobile. Les plans s'élargissent suivant qu'augmente l'angoisse tandis que le regard s'attache fixement à 1 ombre des arbres, qui danse sur les rideaux, envahit tout l'écran cette ombre. image de la vie future du savant terrassé, symbole placé dans le cœur comme un jeu de lumière réaliste.
Puis ce sont des évocations. En flou dans un éclairage terne, une femme, dont l'espoir hésite et se méfie, conduit des enfants vers la guérison. El bientôt le but approche, paraît atteint : la lumière triomphe.
Ou bien encore un cache, parallèle au mécanisme psychologique qui obnubile, éclaire telle ou telle de nos
régions psychiques, décale l'Image,
la reporte clans un coin étroit de
l'écran. Voyez le docteur Faivre, tandis qu'un vitrail lumineux, encadrant sa tête marque le mysticisme de sa pensée lui-même enserré
clans l'inquiétude qui rétrécit, barre son champ visuel. Ou bien encore
le cache, masquant tout ce qui n'est
pas dans le champ, Marthe êcrh ant. attire l'attention sur le seul travail cérébral de la jeune femme.
Voici trois Images destinées à s'enchaîner et par lesquelles s'affirme qu'une même pensée lie deux êtres,
dont les tètes en profil, celles de médailles, dans une même p. i -p.
tive et proches, ne forment qu'un même cerveau i ah re Marthe Faivre encore, se fondant l'un, dans l'autre, disparaissant finalement dans la perspectif >
Mais il n v a pas là parti pris, asscr
\ Issemenl y oulu de la nature à un s\ stême de < Ision i outes les fois que
la nature n'exprime qu'elle m. ni. .
elle a le droit de |ailllrdane sa spontanéité n <'\ e« Ces tableaux de d.m». .
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mage mérité à i excellent artiste qui a si bien interprété le rôle du docteur i ah re ce premier plan d Indra
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