Cinéa (1923)

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8 cinéa LES HCMMES NOUVEAUX <#**»'$"<&> Le Maroc est à la mode au cinéma. Une des plus larges et des plus sensibles interprétations cinégraphiques du paysage marocain est, sans contredit, le beau film que M. E. Violet vient de tirer des Hommes Nouveaux de Claude Farrère. On sait avec quel succès l'œuvre filmée a été accueillie aussi bien dans les établissements élégants des boulevards que dansles grands cinémas des quartiers populaires. Nouveau et concluant démenti aux esprits chagrins qui prétendent que le cinéma tue la littérature comme il tue le théâtre. Le cinéma ne tue rien ni personne. En l'occurrence il est, au contraire, un auxiliaire puissant de la littérature aussi bien que du théâtre, car il initie aux œuvres et donne le goût des choses de l'intelligence. Les Hommes Nouveaux nous avaient révélé le Maroc des trafiquants et des brasseurs d'affaires. Bourron est le vrai type des modernes conquistadors d'industrie pour qui rien n'existe que l'argent et les multiples satisfactions de bien-être, dorgueil tyrannique et de jouissance brutale qu'il procure. Mais il y a la contrepartie douloureuse. Le parvenu, l'autocrate égoïste et vaniteux qui avait voulu se mettre audessus de la commune humanité est, tôt ou tard, contraint à se soumettre aux lois ordinaires de la raison et du cœur. Et il tombera d'autant plus bas dans l'abîme de la douleur qu'il s'est élevé plus haut dans l'échelle des valeurs sociales et des dominations. Tel est bien le sens profond du roman de Claude Farrére, sens foncièrement moral que l'adaptation cinégraphique a respecté et même accentué. L'Homme qui assassina du même écrivain, qu'une maison américaine avait adapté à lécran, souleva de vives critiques par sa trop libre interprétation. Il est de fait qu'on reconnaissait mal, sous l'américanisme exagéré des situations et des interprètes, l'œuvre française. On ne pourra reprocher à M. Violet d'avoir trahi la pensée de l'auteur en l'habillant de trop fantaisistes vêtements. Située dans son vrai cadre et aux lieux mêmes que dépeignit Farrère, l'action transposée à l'écran garde son caractère et sa véritable portée moralisatrice. Et il n'est pas jusqu'au texte indispensable qui n'ait gardé, autant qu'il était possible, la vigoureuse simplicité et la pureté classique du st3"le de Claude Farrère. Ce qui séduit le plus dans Les Hommes Nouveaux, c'est le Maroc. Il est dans l'œuvre littéraire l'immense domaine inconnu, prolongement de la vieille terre de France, vers lequel s'exaltent les énergies féroces et qui devient, sous la domination de l'argent, un champ d'expériences de la plus cruelle âpreté. L'atmosphère réelle donne à la transposition cinégraphique une intensité extraordinaire. Le cinéma affirme là la supériorité de la nature sur la description litté