Cinéa (1923)

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26 cinea médiocre mise en scène. Comme les cinéastes d'alors ne comprenaient pas le danger et persistaient dans leur paresse, Zukor résolut de se servir lui-même, c'est-à-dire de rénover l'intérêt dll cinéma par une chose commercialement neuve. Il eut l'idée de porter à l'écran les grands succès de la scène et les grandes vedettes théâtrales. Cette idée semble banale, et on en a tellement abusé... Mais elle n'était pas ordinaire, dans un pays où — comme dans tous les pays — le cinéma était regardé comme une distraction assez basse, bonne à égayer la canaille et à enrichir sans grand effort les compagnies éditrices. Les films étaient interprétés par des cabotines ratées, par des figurants de deuxième ordre et quelquefois par de bons acteurs dénués d'argent qui jouaient sous un autre nom et faisaient l'impossible pour cacher leur personnalité sous un maquillage savant. Aussi quand il eut organisé sa société avec le concours de Daniel Frohmann et du metteur en scène Edwin S. Porter, Adolph Zukor se trouva comme s'il n'avait rien fait. Aucun comédien notoire ne consentait à tourner et tout le monde se moquait de lui. Sans se laisser démonter par les sarcasmes des stars du théâtre américain, il s'adressa à la plus grande star du monde. Il décida Sarah Bernhardt à tourner un des premiers grands films : La Reine Elisabeth. L'exemple décida d\i succès et les stars cessèrent de rire. Elles tournèrent. Après James E. Hackett dans : Le Prisonnier de Zenda, ce furent d'illustres étoiles et des films glorieux, et l'on sait quel progrés d'activité, de travail, d'art, d'industrie, poussa de jour en jour ce bel effort au premier plan. En 1916, la Famous Players Film C° d'Adolph Zukor fusionna avec la Jesse L. Lasky Feature Play Company qui faisait aussi du beau travail. Et bientôt, entrèrent dans la même raison sociale, des firmes comme : Oliver Morosco, Pallas, Boswortli Inc. et Paramount Picturcs Corp. C'est le nom de cette dernière firme qui baptisa la nouvelle organisation, qui est maintenant à tous égards la première du monde. Pour obtenir cette puissance quasi universelle, Adolph Zukor ne s'en est pas remis à la chance. Comme il ■ravait voulu, en fondant la Famous Players, les premiers artistes d'Amérique et d'Europe, il s'acharna à rechercher pour tous ses services, pour la direction de chaque zone comme pour le plus modeste des emplois ce qu'il y a de mieux. Il a cherché. Il a trouvé. Il a réuni des éléments exceptionnels, les a agencés en perfection et n'a jamais cessé, même ayant tout ce qu'il y a de mieux, de chercher encore mieux. Cette énorme affaire de Paramount, qui croît financièrement chaque jour, qui veut artistiquement se renouveler et s'améliorer tout le temps, est admirablement assise maintenant aux États-Unis, à Londres et même dans ses principales succursales d'Europe. Adolph Zukor préside son œuvre, ensouriant. L. Lasky, vice-président, l'aide de son intelligence remarquable. La production artistique est dirigée par Cecil de Mille. De Cecil de Mille, il n'est plus rien d'important à dire. Il travaille sans répit. Il réussit sans interruption. L'homme dont nous connûmes la valeur par Forfaiture, Les Conquérants, Jeanne d'Arc, il y a cinq ans, et dont nous venons de voir Le paradis d'un fou et Le Cœur nous trompe (Anatole'S affairsh n'est pas un novateur. Il ne cherche pas au delà des moyens qu'il possède. Il tente du moins l'impossible pour élargir ces moyens et en obtenir le maximum d'éclat. Il semble difficile d'extérioriser plus minutieusement et plus brillamment un scénario que Cecil de Mille. Peut-être arrivera-t-il parfois à atténuer la vigueur d'un drame par son étonnante virtuositéàamuser les yeux du spectateur. C'est le seul petit danger qui menace le remarquable maestro, et, le succès ayant toujours justifié la qualité et la direction de ses efforts, le temps n'est pas venu de s'inquiéter. L'abondance et le luxe de ses compositions battent, je crois, tous les records, et pareillement tout le rendement financier de toute sa production. Les cinéastes qui entourent ce remarquable animateur et adaptent leurs talents à l'esprit de ses directions sont d'un prix exceptionnel. Nous voyons parmi eux William B. de Mille dont l'activité et la science égalent parfois celles de son aîné ; Maurice Tourneur, français, que j'ai présenté ailleurs ; Georges Fitzmaurice, français, un des plus souples peintres en blanc et noir, comme l'ont prouvé les lumières émouvantes, chaudes, insinuantes de Les Egarés, Le Loup de dentelles (On with the Dance), et Expérience d'après la fameuse féerie moderne. Je ne puis que vous citer encore Georges Loane Tucker (Le Miracle, Le droit à la vie) ; J. S. Robertson (Le docteur Jekylî et M. Hyde, Le vieux Comédien); Lambert Hillyer (Le prix du Sang, L'Homme marqué, Sa Haine) ; Georges Melford (Le Cheik) ; William D. Taylor (Witehing hour); Donald Crisp (La Terre qui chante); R. W. Xeil (L'Idole du Nord)'', Hugh Ford (La Possession); R. C. Vignola (Enchantement, Le Serpent, La Naufragée, Le droit Chemin); Frank Borsage (Humoresque. Justice immanente); Fred Niblo (Suprême amour) ; Walter Edwards (Mère douloureuse); Penrhyn Stanlaws (Face à l'infini. Au pied de l'échafaud) ; Robert Léonard (Les incomprises, Liliane) ; Albert Capellani (Immolation); Georges D. Baker (Le Pirate, Le Rachat du passé); Harlen Knoles(£7ne aventurière, Flétrie, L'Honneur du nom); Frank Hurson, Tom Forman, Sam Wood, Joseph Hanabery, James Cruze, Charles Maigne, etc., etc. Que j'en oublie I Et joignez à cela les tentatives — hésitantes encore — de faire exécuter, sous le patronage des succursales étrangères, des films nouveaux exploités avec le répertoire de Paramount. Ainsi à Paris, Henri Roussell a tourné Les Opprimés et, Marcel L'Herbier, Résurrection. Je crois que toutes les stars d'Amérique ont plus ou moins séjourné à Paramount. La mégalomanie budgétaire de ces vedettes a modifié la tactique des cinéastes maintenant. Plutôt que d'appointer a des taux excessifs des talents illustres, on tente désormais de créer de nouvelles étoiles ou, au besoin, de s'en passer, en portant le meilleur de l'effort cinématique sur le luxe de la mise en scène ou l'originalité du scénario. (A suivre.) Louis Delluc.