Cinéa (1923)

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cinea Récemment, un excellent artisan du « moving », péchant, si j'ose dire, par métonoma8ie, nous amène à évoquer Sisyphe le damné. Certes, Sisyphe, ce n'est pas Ixion, martyr par excellence de la roue. Aux enfers mythiques, quand Ixion roule, campé sur la machine folle, Sisyphe, s'en tient à pousser sa pierre à petits pas éternels. Mais Sisyphe est tout de même un symbole qui compte. Et il faut se réjouir qu'on nous l'ait remémoré, même à faux, car nous n'en savons pas, notamment, de meilleur pour représenter la condition infernale où se trouve actuellement le réalisateur cinégraphique. SISYPHES par MARCEL L HERBIER Chacun de nous, en effet, ne fait-il point, plus ou moins, l'expérience que les rouleaux des films qu'il compose se métamorphosent, dans l'ensemble, en cette pierre ronde qu'un châtiment perpétuel impose à Sisyphe de faire mouvoir jusqu'au sommet d'une montagne, sommet dont elle retombe aussitôt qu'elle l'atteint. Le travail du cinégraphe n'est pareillement, jamais achevé. Toute son ascension, vers le meilleur de luimême, dès qu'elle est accomplie, se défait soudain par l'action de forces mystérieuses. Et il doit traîner de nouveau son labeur, sur la pente rude, à petits pas éternels... Ana apeurée dans le laboratoire de Faust (Marcelle Pradot) Wagner surgit des fossés de l'Alcazar (Philippe Hériat) Je pense au poète, au dramaturge, au musicien, bienheureuses gens qui savent leur labeur terminé dès qu'il est cristallisé dans la forme imprimée; sûrs de l'avenir, ils peuvent alors goûter quelque repos. L'œuvre de leur volonté est là, marbre, toile ou papier, vivante pour plus de temps qu'eux-mêmes, intangible, fixe. Et je pense au cinégraphe, que sa création condamne à un mouvant Erèbe, où il errera sans cesse, sans cesse aux prises avec des défections sans nombre. Car pour le cinégraphe, rien n est jamais fini. Victime du mouvement qu il a voulu capter, il voit ce mouvement jaillir de partout, au sein de son œuvre même et en ruiner l'achèvement. Ainsi le visualisateur, patiemment, croit avoir amené son film à une forme qui, dans tout Art, serait considérée comme celle, définitive, marquant la volonté de l'artisan. Mais pour lui rien de tel. L'œuvre longue et pénible qu'il a