Cinéa (1923)

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cinéa lant de telle sorte que l'œuvre est au fond de l'abîme. La pierre fatale est au point le plus bas. Sisyphe, tu n'as plus qu'à reprendre ta pierre, à la rouler à grand'peine jusqu'au sommet visé. Auteur, ressaisis les rouleaux du film, entreprends à nouveau leur mise en valeur, retravaille, recommence tout ton ouvrage, discute avec le chef d'orchestre susceptible, avec le projeteur entêté, avec le tenancier « avisé » de la salle de spectacle... Et puis, ce ne sera pas fini... Ton mal est sans fin, comme sans bornes. Partout où ton œuvre ira, le même supplice t'attend. D'autres forces partout sont prêtes à te suivre. En Espagne, au Japon, en Angleterre, en Suède, en Amérique, les traductions de titres, les réductions de métrages, les adaptations à l'esprit national, les transpositions dans la « couleur locale »tout te guette pour que recommence la chute, pour que recommence ta peine. Sisyphes, mes confrères, condamnés à rouler éternellement le fardeau vain de votre labeur ne songerezvous un jour à vous unir pour briser enfin ces portes d'enfer qui ont prévalu contre vous, pour libérer votre travail des attentats qui le ruinent, pour porter vos exigences et vos droits aussi haut que l'osèrent vos devanciers les Artistes, qui maintenant régnent dans les cieux et dont la volonté est faite. Marcel L'Herbier. LES CINÉASTES <$fa$.^<jgt> ADOLPH ZUKOR et " PARAftlOUNT " <^o SUITE <=§« (Voir le N° 85 de Cinéa) C'est pourquoi la plus fameuse firme cinématographique mondiale ne compte plus, sous son pavillon, les plus fameux interprètes. Hart, Fairbanks, Nazimova, Mary Pickford, Chaplin, Hayakawa sont indépendants ou engagés par d'autres compagnies. Paramount a inventé des personnalités moins sensationnelles, honorables, du moins, et très agréables, mais qui s'imposent plus par la publicité que par leur génie particulier. Il faut cependant noter Betty Compson, Nita Naldi, Gloria Swanson, Aima Rubens, Léatriee Joy, Anna Q. Nilson, Théodore Kosloff, Conrad Nagel, et quelques autres qui, maniés par les maîtres, peuvent nous donner d'intéressantes impressions d'art et de vérité. Je ne pense pas que cette formule de film dure longtemps. Des raisons précises — commerciales surtout — justifient ce qu'on a fait. Mais l'absence d'un ou plusieurs interprètes de premier ordre rend le spectateur plus exigeant pour le scénario. Combien y a-t-il de bons scénarios? Très peu. C'est donc la mise en scène qui aura toute la responsabilité du suc cès — et de l'insuccès. D'où ce luxe de plus en plus poussé, et amusant au début, mais qui transforme trop souvent le drame cinégraphique en exhibition de music-hall. Cortèges, faste de décors et de lumières, danses, foules, parures, c'est très joli mais on s'y habitue, et le public est prés de s'en lasser. Il faudra, un de ces jours, revenir brusquement à l'ancien style : un récit aussi captivant que possible, toujours simple, réalisé par des comédiens d'envergure avec juste les richesses matérielles qu'il faut, sans clou inutile. Ce n'est pas une machinerie savante et insensible qui attire les spectateurs. Une minute d'émotion suffit. Qu'une situation et une artiste tire des larmes de vos yeux, c est tout : là se trouvera toujours le succès. Et comme Paramount a toujours trouvé tout ce qu'il fallait, Paramount continuera. Que de bonnes personnes ne prennent pas ces pages pour une publicité payée ou complaisante. J'ai essayé de résumer le plus gros ensemble d'efforts qu'on ait jamais vu dans le cinéma, cinquième industrie du monde. Cette entreprise et ce succès n'ont pas dépendu, comme on le croit naïvement, d'une orgie de capitaux. Argent, talents, activité, ont fait un tout de par la volonté d'un homme et son esprit d'ordre. C'est Adolf Zukor. Ne peut-on trouver, en France, un homme capable d'en faire autant? Si. Mais le diable sait quand. Nous avions, il y a quatre ans, une demi-douzaine d'organisateurs de valeur qui tentèrent, chacun de son côté, de constituer une puissance française bien organisée. Plusieurs ont renoncé, vaincus. Vaincus par quoi ? L'isolement? une précision insuffisante? Le manque de lieutenants dignes d'eux? Choisissez. Ceux qui restent semblent avoir abandonné, pour le moment, ces amples visées. Frappés, par contre-coup, de l'échec des autres, ils se bornent à défendre leurs positions. Ce n'est pas suffisant et même leur solidarité de chef ne vaut pas une maîtrise. Les meilleurs généraux — on l'a vu, il y a peu d'années — ne triomphent pas sans un généralissime qui voit l'ensemble. Rappelez-vous comment fut gagnée la dernière bataille de la dernière grande guerre... Louis Dei.i.w.