Cinéa (1923)

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cinéa La Maison Lunaire reste unique dan» ce genre. Ce film a été conçu, créé et tourné par des artistes venant directement de la poésie, de la peinture et de la mise en scène. Karl Heirez Martin, le metteur en scène le plus avéré de toutes les pièces de théâtre expressionnistes, de Toller,de Kaiser et de Hasenclever, qui après avoir fait une carrière au Deutsches Theater, appelé au Raimundtheater de Vienne, ayant fait une saison à Bucarest, se propose de venir à Paris montrer l'élan du théâtre expressionniste, Martin a voulu appliquer de toutes nouvelles théories au cinéma. Venant du théâtre, son premier souci a été de ne pas faire de théâtre en cinématographie, mais de réaliser sur l'écran de nouvelles possibilités. Il a imaginé de nous montrer ce qui se passe en même temps dans les étages d'une seule maison, et de concentrer dans cette unité de lieu chère aux anciens, une action vigoureuse. Les décors, 1' « extérieur » ne sont pas aussi démesurément déformés que dans Caligari : par contre le jeu des acteurs est plus dynamique, plus adapté aux nécessités données, il est — lâchons le mot — plus expressionniste, à certains endroits plus mécanique. Un tel jeu poussé à l'extrême est même parfois dangereux, et risque de frôler la parodie : or, il s'agissait de tenter l'expérience. C'est pourquoi La Maison Lunaire est un film courageux. Tout se passe dans la même Maison, qui est une maison de carton : nous voyons par chaque fenêtre ce qui se déroule à l'intérieur. Pas une seule vue de plein-air ; la vie humaine est ainsi, bien souvent. Du rez-de-chaussée au troisièmeétage,c'esttoutelacomédie humaine : la jalousie, l'amour, la bêtise, la peur, la poésie, la pudeur, la débauche, la vie et la mort — et les faibles, comme toujours, succombent aux féroces. Je crains bien, que La Maison Lunaire soit déjà le dernier film expressionniste. On cherchera dans tous les ateliers de Berlin en vain le metteur en scène, qui ait déjà avancé plus loin sur cette route-là. Il y a d'autres routes évidemment. Mais où est la bonne ? Ivan Goll.