Cinéa (1923)

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16 cinéa SPECTACLES Le Vieil Homme. — La coupe en cinq acte», l'unité de lieu, un ton souvent héroïque et une rigueur quasidogmatique dans la démonstration donnent à cette tragédie bourgeoise un caractère moins démodé que classique. Il est probable que ce théâtre d'amour ne vieillira point. Ici, en particulier, des problèmes domestiques qu'il faut craindre éternels sont scrutés sans trop de subtilité, certes, mais avec une clairvoyance sévère qui écarte le détail passager. L'argumentation y gagne des moments où elle ne va pas sans quelque épaisseur de moyens : Fontanet est grossièrement équarri. Il est humain et fréquent, certes, mais auprès de sa femme à l'âme magnifique et de son fils à l'âme exquise, il détonne, ne semble plus de leur famille et nous intéresse moins qu'eux. Les armes n'étant plus égales, l'harmonie du combat est faussée. On peut, au reste, se permettre de dire que ce théâtre de Porto-Riche est moins charitable aux hommes qu'indulgent aux femmes. Dans l'admirable quatrième acte, Germaine Dermoz s'est égalée aux plus grandes; c'est une comédienne généreuse. Briey manque un peu de vie : elle réalise mal une animatrice; elle est délicate et belle. Vargas,dont le physique ni l'emploi ne s'accordent à son personnage, Harry Krimer, dont la personnalité est encore flottante et qui manque dangereusement de métier sont les partenaires de Dermoz. Un jour de folie. — Que je préfère donc une telle pièce à la « pièce Variétés »î Rien n'est plus rare que l'imprévu dans la fantaisie. Les deux ou trois moments inattendus de ces trois actes en éclipsent les défauts et conseillent de les taire. Je veux dire surtout la surprise de fine qualité que nous cause Jane Marnac, dans ce deuxième acte si plaisamment mis enscène.en murmurantsur levoyage à deux les plus gracieuses variations. Il y a là un effet scénique de premier ordre à la fois et un délassement choisi. Et l'on ne saurait mieux qualifier la pièce elle-même qu'en la disant distinguée. Qui démasquera la sorte de bluff que représente ce que d'aucuns appe lèrent « l'art de Raimu »? Que les trois ou quatre critiques dramatiques que nous possédons aient été dupes de ces inflexions caverneuses abandonnées au hasard.de ces pseudo « temps » où Guitry est grossièrement plagié, de ce comique bas et de cette fausse autorité, voilà de quoi s'étonner longuement. Mais qui glorifiera comme elle le mérite l'incomparable Jane Marnac? Nulle comédienne fantaisiste, pas même Gaby Morlay, ne sait doser si subtilement pudeur et sensualité, cocasserie et humaine vérité D'ailleurs, aucun effort, aucune réminiscence non plus: rien que spon tanée et indépendante personnalité. Miss Campton est inconsciente et cynique avec adresse. PUMIhN Le Sommeil des Amants. — Tout le premier acte, et partie du second sont remarquables. Il y a une délicatesse de race pour laquelle Martial Piéchaud n'a pas tort d'invoquer la parenté de Musset. Ces détails dans l'atmosphère et dans le jeu des sentiments, si on les écarte de certaines concessions, — ou de certaines routines, font un peu d'un théâtre neuf que l'on a droit à se souhaiter. Il est fâcheux que les personnages ne se soutiennent point d'eux mêmes jusqu'à la fin. Je crois le quatrième acte une issue illogique, à l'embarras éta bli clairement au premier. « On ne fonde nul bonheur sur le malheur d'autrui », dit l'un des personnages, pour justifier qu'il laisse fonder le bonheur singulièrement problématique d'une seule 8ur le malheur de trois êtres. Mais cela reste du théâtre émouvant, sans fadeur, comme — ô joie — sans éclats tempétueux. Tout s'agite et se heurte dans les régions les plus sensibles de l'âme. Marthe Régnier a le naturel tendre et pathétique, Rollan la chaleur, Marcelle Lender, l'esprit et l'élégance que l'on sait. Charles Boyerse maintient sur la corde raide, entre deux facilités odieuses où quiconque serait tombé : la hideur mélodramatique et la séduction aventurière. Raymond Payellk. MUSIC=HALLS Il y a de tout dans la revue du Casino de Paris. Il y a du luxe (il est signé) des idées brillantes (de quel pays viennent-elles à travers les mers?) Des costumes quasi-lyriques (ils parodient la parodie), des danseurs, des chansons, des poupées, Mistinguett, Maurice Yvain, Earl Leslie et tous les ponts du Japon. Il y a tout. Mais il n'y a que Marion Forde. Cette petite danseuse fait des folies en se jouant. Acrobate, elle a l'air de ne rien faire exprés, et quand vous la voyez pliée en trois, comme une écharpe bien maniée, vous trouvez cela tout naturel. Cette infante du jazz-band a bien de la saveur. Argentina est venue à l'Olympia. On n'a pas fait de vacarme autour de son nom. Tant mieux. C'est la plus grande danseuse d'Espagne. Ce n'est pas une, c'est la danseuse espagnole. Et puis, non : c'est la danse espagnole. Une technique impeccable, précise et raffinée comme son art religieux, et un soin qui est du style. Et au dessus de cette perfection, une flamme. Une espèce de génie remporte et auréole le reste. Elle est à la danse des Espagnes ce que la Pavlowa est au ballet romantique. Un peu maigre, comme dépouillée par une sensualité absolue, brusque, dure, ivre d'une sorte de bacchanale glacée, elle a un étrange sourire d'ironie, une fièvre d'humour presque. Tout ce qu'elle fait parle et donne, comme de ces artistes dont la vie intérieure sourd à chaque mot. Chaque fois qu'elle danse, elle a l'air de raconter son histoire. Louis Dei.luc.