Cinéa (1923)

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H cinéa Si, je suis jaloux en délicat et j'ai de la peine, crois-moi, à penser qu'un galapiat troublera et possédera ton corps distingué. Si je te disais tout ce que je pense de tes grâces... 11 y a une petite figure dans le coin d'une toile de Vélasquez, à Madrid, qui te ressemble — et qu'on a envie d'emporter dans ses bras... je ne sais pas pourquoi je ne t'emporte pas... Je ne sais pas non plus où je t'emporterais, mon enfant... Une heure de plaisir tu me la donnerais, et aussi une autre, et encore quelques autres... cela finirait mal, trop tôt ou trop tard, par de la tristesse pour toi et pour moi, et j'ai honte déjà comme si j'avais du remords, comme si tu avais du chagrin... Chagrine... Elle affecte l'indifférence mais, nerveuse, d'un crayon gras, développe deux disques pourpre sur ses joues que la photogénie voudrait blanches. Je bafouille, misérable. J'ai l'impression d'être bête, d'être l'homme bête définitif... — Alors, Chagrine, quand je te vois... Sèche, coupante, haletante, elle m'arrête I — Alors, alors, alors, c'est à merveilles... Chagrine, c'est très joli de me fiûter Chagrine par ci, Chagrine par là... Y a plus de Chagrine, mon vieux... Tu ne veux ni m'aimer, ni m'amuser, ni rien, Monsieur Daglan. mais je ne t'ai rien demandé, n'est-ce pas?... Alors, alors, alors, tu te rends compte... Vous n'êtes pas ma nourrice, ou mon parrain... Ne vous tourmentez donc pas, cher ami, et prenez vos petits plaisirs où vous voudrez... J'ai sous la main tout ce qu'il me faut pourvu que tout le monde ait le sourire... La vie est belle... Ohé pour la fantaisie, hurrah pour l'amour, à nous les gigolos rigolos... Je suis un peu égoïste, je ne te le cache pas... Zut de zut, j'ai mis trop de vermillon sur ma médaille. . BahT ce sera comique... Je suis une comique, qui prend les choses à la bonne, bien entendu, comme toutes les comiques... et je m'amuse... je veux m'amuser... je te raconterai ensuite ce que ça donne et on se fera une pinte de bon sang... il est gentil le petit Gloupier... Gloupier... je sens que, s'il me caresse, je l'appellerai mon loupiot... Hein! crois-tu, mon loupiot. C'est crevant!... Elle pleure, lamentable, délicieuse, c'est un tout petit enfant qui pleure. Le front posé sur la tablette, les bras pendants, le8 épaules en tumulte, elle fait des «hans» désolés. Sa chevelure ébouriffée s'éparpille. Une belle mèche dorée s'abat dans le pot de crème pâle. — Chagrine, voyons, Chagrine... — Tu es content... tu dois être content... houïe, houïe... tu me vois par terre maintenant... tu t'en fiches bien... jouisseur... mangeur de rêves... démolisseur... mais de quoi te mêles-tu? On ne sait pas ce que tu veux... Et quand tu t'expliques, on le sait encore moins... houïe, houïe, houïe, houïe... belle affaire de parler... tu compliques tout... tu ne sais que tourmenter... tu trouves que je suis une bête?... Laisse-moi vivre comme une bête, voilà tout... idiot... idiot... — Chagrine... Chagrine... écoute donc... — Laisse-moi tranquille... Houïe, houïe,... laisse-moi pleurer... Je suis furieuse de pleurer, .ah! sacré nom de... Ici un petit chapelet de gros mots. Elle en sursaute elle-même, tape du poing sa tablette, fait tinter la verrerie, et lève vers moi un visage affreusement bouleversé, ridicule des ravages que les larmes ont causé dans la zone blanche et bleue du masque, touchant surtout, infiniment triste, triste, triste. Nerveux, je ris. Sa tête retombe et elle pleure tout doucement, plus triste encore, en chuchotant sa plainte. — Toute seule,... toujours seule... des parents mauvais... la campagne... une enfance de petit veau... et jeune fille, ah! la la... et maintenant rien... rien... tu ne sais pas ce que c'est... tu ne comprends pas ce qu'il faut... offrir à quelqu'un ce qu'on a de mieux et tout ça, tout ça... rien... rien... Petite épave douloureuse, elle me trouble. Ses larmes seront-elles plus fortes que son charme? Je ne sais plus ce qui se passe en moi. Je vais à elle, je pose mes mains à ses épaules, je me penche sur ses cheveux. Si jolie, si faible, si enfant, pourquoi ne pas l'adopter? Tout est donc devenu si vieux en moi que je n'ose plus. J'oserai, j'oserai pour voir. Il y a dans cette minute, un mystère triste et persuasif qui nous enveloppe. — Chagrine, tant pis, tant mieux, je parle... (A suivre) Les bons Directeurs passent les bons Films On n'encourage pas assez les directeurs d'établissements qui s'efforcent de réagir contre le mauvais goût de l'exploitation cinématographique et de guider leur public vers les délicates productions d'art. Il m'est agréable de citer aujourd'hui en exemple M. Samuel, le très aviséet aussi très heureux directeur du Ciné-Delta qui en plein quartier populaire, n'hésite pas à afficher des films qui furent stupidement reniés par des salles bourgeoises. J'ai vu — revu — le pathétique et éblouissant El Dorado, de Marcel L'Herbier à l'écran du Ciné Delta. La projection se fit au milieu d'un silence religieux et manifestement ému. On applaudit la mort sublime de Sibilla — Francis. A la sortie on n entendait que des commentaires admiratifs et naïvement étonnés. La semaine suivante M. Samuel donna le Don Juan et Faust du même L'Herbier avec non moins de succès. Le Ciné Delta est un des trois ou quatre établissements de Paris qui firent un sort à ce chefd'œuvre si lumineusement profond, sensible et intelligible. C'est la fonction de la presse cinématographique d'encourager de pareilles initiatives qui ne manquent pas de crânerie devant la veulerie et l'incompréhension à peu près générales. L'effort courageux et intelligent de M. Samuel à son petit établissement du boulevard Rochechouart mérite qu'on le signale. Espérons qu'un tel exemple, que la réussite justifie d'ailleurs de la façon la plus éclatante, sera suivi par la grande majorité des directeurs. Le public a jugé. Il sait apprécier les choses belles et saines. Mais fautil encore les lui donner. Ed. E. Ne dites pas L'A rt Muet Dites : L'Art Si lencicux