Cine-Journal (Sep - Oct 1912)

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— 20 certain jour où je vis, pour la première fois, l'un des compositeurs modernes les mieux doués, le plus lyrique de tous à coup sûr. Il faisait répéter à une jeune fille un air d'opéra quelconque, un air de Mireille, si j'ai bonne mémoire. Je n'oublierai jamais de quels mouvements expressifs il appuyait ses explications, combien il mimait les phrases de la mélodie purement sentimentales cependant, serrant le bout des doigts, comme pour tenir une fleur et l'élever lentement vers le Ciel. C'était exquis de simplicité un peu emphatique. Toutes les nuances de la musique se trouvaient traduites dans ce geste, et je devinai que ce compositeur luimême, quand il écrit sa musique sensible cl passionnée, doit se la représenter d'abord sous forme motrice d'une touchante et naïve sincérité. J'insiste là-dessus, parce que si je parviens à bien expliquer ce que j'entends par la transmutation de la musique en geste et du geste en musique, je suis sûr de me faire comprendre sans peine, dans les raisonnements qui vont suivre. Ouvrez donc encore les partitions de Gliick et voyez comme tous les gestes sont exprimés chez lui, au moyen de transpositions extraordinairement justes. Quand, par exemple, Armide cherche à se traîner sur les pas de Renaud, qui vient de s'enfuir, quand Clytemnestre invite le soleil à reculer devant le forfait d'Agamemnon, quand la terre se refuse aux pas chancelants d'Alceste mourante, la voix et l'orchestre trouvent, chaque fois, des inflexions, des rythmes, des accords que la vision de ces mouvements impose à nous avec une intensité qui tient réellement du prodige. Il est à peine besoin d'insister pour montrer cette faculté que possède l'art des sons d'évoquer, dans notre imagination, des visions de couleurs. Pour tout le monde la musique de Carmen est colorée, la Shéhérazade de Rimsky-Korsakoff est une symphonie chatoyante. Nul ne conteste que la finale du Crépuscule des Dieux ne soit un morceau fulgurant. Dire d'une œuvre qu'elle est pâle ou grise, c'est lui décerner un brevet de médiocrité. Quand L Rêve, de Bruneau parut, Gounod dit au jeun; compositeur : ci Mon fils, tu as écrit là une partition parfumée ». Si nous déclarons que les symphonies de Borodine ont quelque chose de fauve, c'est surtout à leur relent que nous faisons allusion; la scène de la taverne dans La Da nnation de Faust évoque une atmosphère étouffante, chargée d'odeur de boissons et d^ victuailles; telle composition de l'école russe fait songer à la confiture de rose. Et si vous m'objectez que les oeuvres orchestrales de déca dence possèdent seules ce caractère extra-musical, reprenez la Symphonie Pastorale, jouezen l'orage, au piano tout simplement, et vous serez contrain d'avouer que les harmonies et les thèmes si musicaux du chef-d'œuvre de Beethoven peignent l'obscurcissement de l'espace, la chute de la pluie avec ses grosses gouttes lourdes, la formidable rafale accompagnant le météore, l'éblouissement des éclairs et donne jusqu'à l'impression d'une atmosphère chargée d'électricité. Tant de personnes aiment la musique uniquement à raison de ses qualités émotives. Ce qu'elles demandent à la mélodie et à l'harmonie, c'est avant tout des rêves d'amour, de vengeance, de haine, de tendresse, de gloire ou de pitié. Une âme musicale, quand elle aime un beau corps, le voit sous forme de musique. Les yeux qui le charment ne sont pas bleus, ni gris, ni bruns; ils sont musique; elle éprouve, à les voir, l'impression d'une caresse de notes, d'un accord délicieux. Le génie musical se mesure justement à la puissance de la vie et à celle de l'exprimer au moyen de l'instrument imparfait, d'arracher à la misérable épinette le cri profond de la vie. Voilà pourquoi j'estime que, dans cet atmosphère d'émotivité, dans lequel nous plongent beaucoup de drames cinématographiques, il me paraît nécessaire que l'adaptation musicale ne soit à aucun prix négligée, elle marche di pair avec la mise en scène, indispensable ellemême au meilleur des livrets et, puisque hier, cette nouvelle et merveilleuse industrie nous révélait « l'Auteur » cinématographique, pourquoi demain ne saluerait-il pas « le Compositeur » du même nom? Ce jour-là, notre Art sera complet. Max RlDEL. Importante Maison de Location le Films TRÈS SÉRIEUSE Cherche Correspondants associés, peur les régions de l'Est (LYON), Sud-Est (MARSEILLE). Sud-Cuest (BORDEAUX), pour combinaison avantageuse qui sera ultérieurement indiquée aux postulants pouvant justifier d'une clientèle suffisante, d'un passé technique sérieux et de certaines ressources financières. : Cinémasse, Hôtel Gare ûa Nord 31, Rue de Saint-Quentin, PAR/S_