Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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LE CINEMATOGRAPHE LUMIERE LES Parisiens qui, le 28 decembre 1895, passaient sur le boulevard des Capucines en se rendant a leurs occupations ou en accomplissant leur traditionnel pelerinage aux petites baraques dont les f&tes de Noel et du Jour de l'An avaient, comme chaque annee, encombre les trottoirs, s'arr6taient, en arrivant a la hauteur du Grand Cafe, devant une affiche qui montrait un agent renseignant un pr&tre a cheveux blancs, breviaire sous le bras, pendant que derriere eux une foule ou se coudoient des types de toutes les classes de la societe, se pressait devant une porte au-dessus de laquelle ces deux mots : a Cinematographe Lumiere » posaient une enigme que leur nouveaute rendait parfaitement insoluble. Ceux que cette enigme intriguait au point de ne pouvoir passer devant elle sans chercher a la resoudre imitaient la foule de l'afnche et franchissaient une porte etroite au dela de laquelle ils s'engageaient dans un petit escalier. Une vingtaine de marches les amenaient dans une salle en sous-sol de dimensions modestes,dont les murs etaient tendus de draperies sombres et de tapis venus en droite ligne des « Grands Magasins de la Place Clichy ». Des rangees de fauteuils, semblables a ceux des theatres et concerts, garnissaient cette salle dont une extremite — celle vers laquelle etaient orientes les fauteuils — laissait voir un ecran de toile blanche, grand a peu pres comme un drap de lit. Etait-ce done a une seance de lanterne magique que Ton allait assister ?... Le curieux, qui s'etait assis dans un de ces fauteuils, commencait a regretter les vingt sous qu'on lui avait demandes a 1'entree : la lanterne magique ! Le prenait-on pour un enfant ? Un piano sur les touches duquel s'exercait une main negligente deversait des airs connus dans la penombre dont la salle etait ouatee... Mais brusquement la penombre se muait en la plus opaque des obscurites, un petit bruit semblable au grignotement d'une souris se faisait entendre, un eclair jaillissait d'un trou perce au milieu du mur et, devenant pinceau de lumiere, venait f rapper Tecran sur lequel il inscrivait la formule de l'aniche : « Cinematographe Lumiere » a laquelle succedaientimmediatement ces mots : « La sortie des Usines Lumiere a Lyon »... Allons ! Cetait bien une seance de lanterne magique ou de « projections lumineuses » (e'etait l'expression en usage a l'epoque) comme il s'en donnait pour agrementer certaines conferences, qui allait avoir lieu. Decu, le Parisien curieux haussait les epaules ! Ah ! On ne l'y reprendrait plus ! Deja, il s'appr^tait a quitter son fauteuil,