Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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50 HISTOIRE DU CINEMA trer que rien de ce qui constitue le cinema tel que nous ]e connaissons aujourd'hui n'est reste etranger a ce diable d'homme ! Rien ou a peu pres rien ! Et on comprend que D. W. Griffith ait pu dire — a en croire Robert Vernay (i) — : « Je dois tout a. Melies ! »... Combien d'autres auraient pu le dire avec lui ! II est pourtant regrettable que, dans une ceuvre qui est bien eertainement la plus importante que cineaste ait produite et qui a toutes chances de demeurer la plus importante que cineaste produira jamais, la nature n'ait aucune place : il n'y a pas un paysage vivant dans les films de Melies. Les arbres y sont de bois et de toile, aucun souffle n'agite leurs feuilles, les rochers y sont de carton-pate et s'il y court un ruisseau, il est peint. Quant a l'ocean, il tient dans un aquarium. Melies est demeure l'homme du petit theatre-guignol qu'il construisait dans son pupitre d'ecolier : pas une seule fois il n'a eu l'idee de planter son appareil dans la foret de Fontainebleau ou plus simplement au bord du lac du bois de Vincennes. Sans doute le temps lui manquait-il. Sans doute aussi — et bien plus probablement — ne se sentait-il a l'aise que sous les verrieres de son studio de Montreuil : dix-sept metres de longueur sur dix de largeur, ou tout se pliait a sa volonte, a son caprice : le guignol de son enfance s'est agrandi aux dimensions de son r£ve ou presque... Et eel a lui suffit ! (2) Par cette volonte de ne pas sortir du studio, Melies rejoindrait les « expressionistes » allemands (3) s'il avait imagine que ses decors pussent etre autre chose qu'unecopiede la realite telle qu'on la comprenait au Theatre — et a l'Opera de preference au Theatre Antoine — car — et e'est la son seul point faible : sans avoir ecrit une seule piece, sans avoir mis les pieds sur les planches, Melies est inexorablement homme (1) « Trois Stapes du fantastique » par Robert Vernay. (Cinemagazine n° $0, ig2g.) (2) L' absence de tout plein air dans V ceuvre de Melies n'est pas Veffet du hasard ou d'un oubli. On peut, en effet, penser que sur ce point Melies livre le fond de sa pensee quand, dans une etude « Les Vues cinematographiques » qui a ete publiee par « La Revue du Cinema » ( Gallimard edit. n° du 15 octobre ig2g) il ecrit : « Le chef de la plus grande maison cinematographique du monde (au point de vue de la grande production a bon marche) m'a dit a moi-meme : « C'est grace a vous que le Cinema a pu se maintenir et devenir un succes sans precedent. En appliquant au Theatre, e'est-a-dire a des sujets variables a I'infini la photographie animee, vous Vavez empechee de tomber , ce qui serait fatalement arrive avec les sujets de plein air qui fatalement se ressemblent et auraient vite fatigue le public. » J'avoue sans fausse honte que cette gloire, si gloire il y a, est celle de toutes qui me rend le plus heureux ! » Comment, apres cet aveu, ne pas voir en Melies un homme de theatre ? (3) V. vol. II.