Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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GEORGES M£Ll£S 51 de theatre. II Test au point de ne pas se douter qu'en enfermant le cinema entre les quatre murs de son studio, en y enfermant du merne coup la nature tout entiere, il soumet a la torture l'art qu'il sert. En l'attardant dans certaines traditions theatrales, il sous-estime la liberte dont jouit le cinema et n'utilise cette liberte que par rapport a la scene. C'est du theatre qu'il fait, du theatre qui sans doute echappe dans une certaine mesure au realisme dont Antoine s'est fait l'apdtre, car jamais dans un film de Melies on ne voit deux personnages echanger des repliques comme a la Comedie-Francaise ou au Theatre libre, des repliques qu'on n'entend pas mais, en revanche, on les voit souvent faire des gestes empruntes a la pantomime de Deburau et de Thales et meme a celle des troupes de clowns-acrobates anglais que nous retrouverons plus tard a l'origine des films de Mack Sennett et de Charlie Chaplin. Sur ce point Melies s'est explique (1) et il a repondu par avance aux critiques que Ton peut lui adresser touchant Interpretation de ses films : « Contrairement a ce que Ton croit generalement, il est tres difficile de trouver de bons artistes pour le cinematographe. Tel acteur excellent au theatre, etoile m6me (2), ne vaut absolument rien dans une scene cinematographique. Souvent des mimes de profession y sont mauvais parce qu'ils jouent la pantomime avec des principes conventionnels. Ces artistes, tres superieurs dans leur specialite sont deconcertes des qu'ils touchent au cinematographe. La, plus de public auquel l'acteur s'adresse soit verbalement, soit en mimant. Seul 1'appareil est spectateur et rien n'est plus mauvais que de le regarder et de s'occuper de lui, ce qui arrive invariablement les premieres fois aux acteurs habitues a la scene et non au cinematographe. II faut que l'acteur se figure qu'il doit se faire comprendre, tout en etant muet, par des sourds qui regardent (3). II faut que son jeu soit sobre, tres expressif : peu de gestes, mais des gestes tres justes sont indispensables... Conclusion : former une bonne troupe cinematographique est chose longue et difficile. Seuls ceux qui n'ont aucun souci de l'art se contentent des premiers venus pour bacler une scene confuse et sans inter£t. » Melies, on le voit, avait des vues tres justes sur ce que doit £tre le jeu de l'acteur d'ecran et, a lire les lignes ci-dessus, on serait tente de croire qu'il a analyse le talent d'un Chariot, d'un Sessue Hayakawa (1) G. Melies : « Les vues cinematographiques », etude publiee en Z90J et reproduite par « La Revue du Cinema » (1$ octobre ig2g). (2) On peut se demander a qui Melius pensait car il n'a jamais utilise que des acteurs de second ordre dont il etait presque toujours « V etoile », avec sa femme, Jeanne d'Alcy, ancienne chanteuse, pour partenaire. (3) Ici Melies rejoint Rene Clair lorsque celui-ci ecrit : « 77 faut mettre en fait qu'un aveugle au Theatre et tin sourd au Cinema, s'ils perdent une part importante du spectacle en conservent pourtant V essentiel. »