Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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178 HISTOIRE DU CINEMA naitre ce nouveau poilu qui faisait se gondoler le front. Chariot, Chariot, Chariot, Chariot dans toutes les cagnas et, la nuit, on entendait rire jusqu'au fond des sapes. A gauche et a droite, et toute la ligne des poilus derriere nous, on se tremoussait. Chariot, Chariot, Chariot. Un jour, ce fut en fin mon tour de partir en perme. J'arrivai a Paris. Quelle emotion en sortant de la gare du Nord, en sentant le bon pave de bois sous mes godillots et en voyant pour la premiere fois depuis le debut de la guerre des maisons pas trop chahutees. Apres avoir salue la Tour Eiffel, je me precipitai dans un petit cine de la Place Pigalle. Je vis Chariot... Chariot ! Quelle bosse je me suis payee ! — He, soldat ! On ne rit pas comme 9a. C'est la guerre ! me dit un digne monsieur de l'arriere. — Merde ! Je viens voir Chariot. II ne pouvait pas comprendre. Je riais aux larmes. » (1) C'est de la meme facon et dans les memes circonstances qu 'Andre Salmon a, lui aussi, decouvert Chariot : « C'etait a Nice en 1916. Fantassin rompu, rejete de la ligne de feu a la Cote-d'Azur, je trainais mon inaptitude par les couloirs a courants d'air que sont les rues nicoises... Pour fuir les patrouilles sanitaires qui, le soir tombe, pourchassaient les guerriers en reparation, je me jetai dans un cinema... On n'avait pas de programme. On ignorait ce nom de Chariot. On avait donne dix sous, deux jours de pret car on etait soldat... Et alors quand s'annoncait la jolie bataille de Verdun... voir Chariot sans travail, s'inventant des travaux... buvant le vernis a piano, effeuillant une fleur pareille aux fleurettes du no-man's-land, fourrant dans le gant de combat le fer a cheval qui porte bonheur, poussant a l'eau le fauteuil a roulettes avec dedans le paralytique gras et riche qui paie mal... et se sauvant des eaux pour baiser, si franchement que c'etait purete absolue, les belles levres de la jolie fille du patron, du censeur, du medecin-chef, de mon general peut-etre ! Mon cceur est avec vous ! Vous ne pouvez pas savoir !... Merci, Chariot, pour vos heures nicoises. Merci, petit youpin frise qui avez beaucoup recu du Guignol lyonnais, du « Punch » de Londres, interpretes de la vaine rouspetance dans l'intelligente mesure, tellement superieurs aux valets de la pantomime a qui, quoi qu'on en dise, vous n 'avez rien pris du tout (2) ! » Meme enthousiasme sous la plume de Fernand Leger : « C'est Apollinaire qui m'a emmene voir Chariot pendant une permission du front. On etait d'avis que tout se passait « la-haut », que la vie etait (1) Blaise Cendrars : « Naissance de Chariot* (Chroniques du Jour). (2) Andre Salmon : « Reconnaissance a Chariot » (Id.)