Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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NAISSANCE D'UN ART 189 a estimer que le « Feminisme » etait un cadre trop etroit et que, l'humanite ne se reduisant pas a un seul sexe, peut-etre valait-il mieux travailler en pensant a l'humanite tout entiere qu'a la femme seule et elle se tourna vers le cinema. C'etait une veritable audace car, depuis qu'Alice Guy, a la naissance meme de la maison Gaumont, avait improvise quelques petites bandes, aucune femme n'avait ose prendre la responsabilite de faire un film. Mais Germaine Dulac ne s'en tint pas a cette audace. Esprit curieux, chercheur et difficilement satisfait, Germaine Dulac, des 1910, avait ete attiree par le cinema, alors que, titulaire d'une rubrique de critique dramatique, elle frequentait beaucoup les theatres. Mais, paradoxalement, ce qui l'avait interessee dans les spectacles de l'ecran, ce n'etait pas ce qu'ils presentaient de theatral, mais la musique qui accompagnait leur deroulement, comme si, deja, elle pressentait la theorie dont elle se fera plus tard l'apotre, a savoir que « le Cinema, comme la Musique, n'ayant pas de frontieres precises, l'idee visuelle, le theme qui chante au cceur des cineastes ressortit beaucoup plus a la technique musicale qu'a toute autre technique ou a tout autre ideal, la musique qui donne une sorte d'au dela au sentiment humain, qui enregistre la multiplicite des etats d'ame, jouant avec les sons en mouvement comme le cinema joue avec les images en mouvement ». Revenant plus tard sur cette idee, Germaine Dulac ecrira : « Musique : coordination des sons qui conduisent a l'emotion par l'oreille ; cinema : coordination des mouvements qui conduisent a l'emotion par les yeux. Musique : sons fugitifs qui provoquent par des series d'impressions une impression definitive ; cinema : images fugitives qui visent au meme but. » Pourtant, si certaine qu'elle fut de la verite de cette theorie et que c'etait dans cette voie-la que le cinema pourrait le plus largement, le plus harmonieusement se developper, elle n'osa pas, des son entree au studio, passer de la theorie a la pratique : « Quand je me risquai a faire de la mise en scene, confessa-t-elle plus tard a un ami, j'oubliai mes propres reflexions et je fis, pour suivre la tradition, du theatre, rien que du theatre, c'est-a-dire : accumuler les evenements, chercher a interesser par les faits exterieurs ; ma science de la composition d'un film s'arreta a cette conception erronee. Sceurs ennemies (1) avec Suzanne Despres, Geo le Mysterieux avec Jeanne Marken et Jacques Gretillat furent de petites histoires dramatiques ou charmantes qui n'avaient guere plus d'interet que les films pendant la projection desquels, quelques annees plus tot, je fermais les yeux pour £couter la musique. » Cette modestie n'empeche pas Germaine Dulac qui, depuis qu'elle (1) Le scenario de ce film avait pour auteur Irene Hillel-Erlanger.