Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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206 HISTOIRE DU CINEMA de tout cela Charles Pathe* tirait cette conclusion : « Nous avons tenement d6shonore notre production que, pour nous rehabiliter, nous avons le devoir de faire mieux avec des moyens moindres. » Conclusion inattendue et peu propre a susciter les efforts necessaires. Cette conclusion exprimait pourtant un etat d'esprit auquel bien peu de producteurs echappaient. Avant raeme d 'engager la lutte sur le terrain artistique comme cela eut ete necessaire en face des films suedois et sur le terrain de l'organisation financiere, industrielle et commerciale avec l'Amerique, ils eprouvaient une lassitude dont ils n'essayaient meme pas de se delivrer. A quoi bon hitter ? L'Amerique avait pris pied en France, elle offrait a l'exploitation des films en tous genres a des prix defiant vraiment toute concurrence, elle avait trouve des appuis parmi ceux-la memes qui, ayant ete les premiers beneficiaires de la prosperite du cinema francais, auraient dil continuer a le servir et a le defendre et qui, au lieu de cela, s'etaient f acilement rendu compte qu'il y avait plus d'int^ret pour eux a distribuer ou a exploiter des films americains qu'a perseverer dans une production que la concurrence rendait de jour en jour moins facile. Fortes de ces complaisances, de ces complicites, les grandes firmes americaines avaient installe des succursales a Paris d'ou elles avaient etendu une enorme toile d'araign^e sur la province, h'6sitant pas a s 'assurer les debouches dont elles avaient besoin en achetant des salles de projection et meme ce qu'en jargon professionnel on appelle des « circuits », avant d'en ar river a envoyer en France leurs metteurs en scene et leurs « stars » afin de realiser des films qui leur permettraient d'affirmer que ce n'etait pas a une volonte de colonisation qu'elles ob&ssaient mais a un tres cordial d£sir de collaboration dont le cinema francais, non moins que l'americain, devait tirer profit. Et dans cette action lente et habile de penetration, le cinema americain etait d'autant plus fort qu'il etait soutenu sinon guide par son gouvernement a qui la guerre avait appris que le cinema n'est pas seulement un commerce comme un autre, mais qu'il est aussi et surtout un incomparable moyen de r6pandre des idees dont il entendait tirer le maximum d'avantages sur le plan diplomatique et politique. De cette volonte murement reflechie et solidement arretee, la France allait voir les effets redoutables pour elle, le jour ou, convaincue enfin de la necessite de defendre son cinema national, elle voudrait prendre des mesures de protection pourtant bien legitimes. Mais au lendemain de la guerre, le gouvernement francais n'en est pas encore la : il ne s'interesse pas au cinema et celui-ci, abandonne a lui-meme, trahi par ceux-la memes qui auraient du le defendre ne serait-ce que parce qu'il les a enrichis, se trouve peu a peu vaincu sur son propre terrain par le cinema americain et cela sans avoir esquisse de resistance. Et pourtant, cette resistance aurait 6te possible sinon facile, car elle aurait