Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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DES HOMMES ET DES GEUVRES 207 pu concentrer tons ses efforts en face du cinema americain, la concurrence des films italiens diminuant de jour en jour, celle des films suedois n'^tant pas soutenue par une organisation commerciale qui put la rendre dangereuse et les films des pays ex-ennemis devant etre tenus eloignes des ecrans francais pendant une periode de dix ans (1). En fin, il y avait encore une raison pour les dirigeants de la vie cin£matographique francaise de prendre en mains la cause de leur cinema national et c'etait le public francais qui la leur fournissait. Celui-ci, que les films venus de l'etranger instruisaient, commencait, en effet, a se rendre compte que le cinema valait mieux que les Course a la perruque et autres Mefaits a" une tete de veau, mieux meme que L'Assassinat du Due de Guise et les petites comedies de Max Linder. Un mouvement se produisait dans l'opinion ; les journaux et revues ne croyaient plus dechoir en publiant des articles qui traitaient des choses de l'ecran aussi serieusement que de celles de la litterature ou de la scene et au bas de ces articles se trouvaient des signatures qui etaient celles d'hommes prudents que Ton ne pouvait soupconner d'enthousiasme inconsidere et qui avaient 1 'habitude de tremper leur plume trois fois dans l'encrier avant d'en laisser tomber le mot charge" d'exprimer leur pensee et qui allait engager leur reputation. C'est ainsi que, des 1915, les lecteurs de la grave « Revue des Deux Mondes » n'avaient pas et6 peu surpris, sinon scandalises, de lire un article de Rene Doumic lui-meme ou il etait question du developpement pris par le cinema et de l'attrait exerce sur les foules par les spectacles de l'ecran : « Une vague si enorme s'impose a l'attention. Nous sommes dans l'age du cin^matographe ! » Sans doute y avait-il quelque regret dans cette constatation et l'austere critique deplorait-il au fond de lui-meme que la France, tombant de Corneille, de Moliere et de Racine a Feuillade et a Rigadin, donnat une telle preuve de manque de gout, mais personne n 'etait encore all6 si loin dans l'afrirmation d'une evidence qu'il n'allait desormais plus etre possible de nier. Dix ans plus tard, Abel Gance s'ecriera : « Le Temps de l'lmage est venu ». Sans doute y a-t-il loin de la petite phrase du secretaire perpetuel de l'Academie francaise a Tenthousiaste acte de foi de cet apotre du nouvel art qu'est Abel Gance et ne convientil pas de donner a l'afiirmation du premier la meme valeur qu'au cri du second, mais il n'en est pas moins vrai qu'en 1919-1920, on etait dans «l'age du cinema » et que « le Temps de l'lmage » approchait, mais les industriels et les commercants du cinema etaient les derniers a penser que cela leur creait des obligations. lis ne voyaient que les (1) Cet engagement ne devait pas etre tenu, mais en 1919 et 1920 on pouvait croire que le cinema francais n'avait pas, pour quelque temps du moins, a se preoccuper de la concurrence allemande.