Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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248 HISTOIRE DU CINEMA qu'il fut a une sorte d'exercice d'assouplissement de la syntaxe cinematographique ». C'est beaucoup dire : Delluc etait deja un maitre qui pouvait se dispenser de tels exercices, mais ce qui est indiscutable, c'est que de cet exercice il ne fut pas toujours fait bon usage, la surimpression ayant ete pendant quelque temps « la tarte a la creme » de tous les metteurs en scene qui pretendaient a la hardiesse et voulaient faire croire qu'ils avaient quelque chose a dire qui n'avait pas ete dit avant eux ou qu'ils etaient capables de s'exprimer de facon originale et personnelle. Fievre qui vient ensuite (192 1) fait une part bien moins importante aux innovations techniques et si le sujet du film est encore l'irruption brusque du passe dans le present, le souvenir y tient peu de place. L'action se deroule tout entiere dans un bar du Vieux-Port de Marseille : la femme du patron voit soudain entrer chez elle un matelot qu'elle a aime et qui vient de debarquer par le dernier cargo. II ramene une femme qu'il a epousee quelque part en Asie. A cause de cette femme qui ne ressemble a aucune de celles qui sont la, une rixe eclate entre le matelot et un client. Le matelot est tue. La police intervient, arrete la patronne. Restee seule, la petite Orientale s'apercoit qu'une fleur qui l'attire depuis qu'elle est entree parce qu'elle n'en a jamais vu de semblable est artificielle. Ce n'est qu'un fait divers, mais un fait divers singulierement audacieux non seulement parce qu'il se situe dans un milieu ou le cinema ne s'etait pas encore hasarde et parce qu'il utilise des personnages et remue des sentiments qui different profondement de ceux qu'on etait alors habitue a y rencontrer, mais aussi et surtout parce que, de sa premiere a sa derniere image, il est lourd d'une poesie nouvelle, cette poesie des mauvais lieux et celle, non moins enivrante, des departs vers l'inconnu. Le mauvais lieu, l'evasion, les deux themes que l'apres-guerre decouvre, qu'il traite avec le plus de complaisance et qui, tres vite, prendront place parmi les poncifs les plus certains de la litterature comme du theatre. Mais, en 1921, il y a encore trois ans a attendre avant que le rideau du studio des ChampsElys6es qui, precisement, montre le Vieux-Port de Marseille etale au pied de la colline de Notre-Dame de la Garde, se leve sur la Maya de Simon Gantillon. Ouvrir devant un public parisien et plus encore devant celui qui frequente les salles de projection cinematographique la porte d'un bar de la rue Bouterie grouillant de filles et de matelots etait, a cette date, non seulement une originalite mais une audace. La censure s'emut et sevit : pour qu'il fut projete, Delluc dut amputer son film de quelques-unes de ses images les plus significatives. Mais merae apres ces mutilations, la poesie qui se degageait de la projection gardait sa violente "saveur et le public qui en subit le choc en fut quelque peu etourdi : on ne passe pas impunement de George Ohnet et Octave