Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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264 HISTOIRE DU CINEMA bien plus leur valeur de Tart avec lequel leurs elements avaient ete choisis et assembles que de Tart avec lequel le mouvement leur donnait les apparences de la vie — ce qui etait parfaitement legitime puisque ce que les auteurs avaient voulu eviter c'etait precisement le realisme de la vie. C'etaient plus des images de photographe ou de graveur que des images de cineaste. L'ceuvrepourtantrestaitcinematographiquedans son ensemble par la facon dont les images s'enchainaient les unes aux autres, naissaient les unes des autres comme les visions successives d'un reve. Jamais le cinema n'avait atteint a une perfection aussi raffinee. Etaujourd'hui encore on ne voit rien a comparer a L'Etoilede Mer de Man Ray. Eugene Deslaw est, lui aussi, un des representants les plus purs de « l'Avant-Garde » avec Montparnasse, Les nuits electriques et surtout La Marche des Machines (ce dernier en collaboration avec Boris Kaufmann) (i). Dans ces trois films qui constituent tout son bagage et plus particulierement dans le dernier qui peut etre regarde comme l'expression la plus complete de ses idees et de son talent, Deslaw se meut dans un domaine aussi eloigne que possible de celui de Man Ray. Alors, en effet, que c'est par leur imprecision, le flou de leurs contours que valent les images composees par celui-ci, Deslaw ne se laisse jamais effrayer par ce qu'il peut y avoir de net, de brutal dans les tableaux en face desquels il braque son objectif, qu'il s'agisse des enseignes lumineuses des Nuits electriques dont il exprime l'etourdissante feerie aussi bien que des gestes mecaniques des monstres d'acier de La Marche des Machines ; alors encore que Man Ray ne craint pas de nous montrer des images quasi immobiles, c'est au contraire dans le mouvement, dansle mouvement seul, un mouvement souvent frenetiqueetpresquedesordonne que Deslaw cherche la valeur, la beaute du spectacle qu'il nous offre. Man Ray compose des images fluides qui s'insinuent en nous, Deslaw des images qui comme des coups de poing nous laissent « knock-out »...(2). II suffit de comparer, meme sommairement, l'art de chacun de ces deux hommes pour se rendre compte des ressources de talent dont a l'Avant-Garde » disposait et on ne comprend vraiment pas que des realisateurs — sinon des producteurs — intelligents aient completement ignore un Man Ray et qu'ils n'aient eu recours a Deslaw que pour des travaux indignes de sa personnalite (3). (1) Boris Kaufmann est le frere de Dziga-Vertoff, (v. vol. II). (2) Le nom de Boris Kaufmann se retrouve a cote de celui de Jean Lods, dans le generique d'un autre film d 'avant-garde qui, sans avoir le charme poetique de L'Etoile de Mer ni la puissante originalite de La Marche des Machines ne manque pas de force evocatrice : Vingt-quatre heures en trente minutes. (3) Deslaw ne fut par la suite que chef monteur, assistant de realisateur (La Guerre des Gosses) et technicien de doublage.