Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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JEAN EPSTEIN 273 experience psychanatytique, c'est qu'il devait tout naturellement agir sur l'inconscient de l'heroine. II est peu vraisemblable que celle-ci ait pense consciemment qu'elle etait, elle aussi, partagee entre deux homines. Mais l'image devait s'imposer a elle, en vertu d'obscures correspondances avec son etat d'ame. De meme, les spectateurs n'analysent' pas Timage symbolique ; il n'en est pas moins certain qu'elle contribue profondement a les emouvoir. (1) » Ainsi, sous des apparences de virtuosite, Jean Epstein poussait plus loin que ses meilleurs predecesseurs dans la voie de l'analyse psychologique par le truchement de l'image cinematographique. Pour un debutant, Jean Epstein avait eu dans Cceur Fidele encore un autre merite : il avait utilise ses trois principaux interpretes avec une habilete de vieux routier. Deux de ceux-ci etaient des comediens doues de personnalites tres differentes et qui avaient deja parcouru une longue carriere : loin d'avoir quelque chose a leur apprendre, ce qui importait c'etait plutot de les depouiller de leur experience et de leur refaire une ingenuite. Ces deux comediens etaient Leon Mathot (le brave ouvrier) et Edmond Van Daele (le mauvais garcon). Le troisieme des trois principaux roles — celui de la pitoyable victime — etait tenu par une jeune artiste Gina Manes qui avait deja ete remarquee dans L'homme sans visage de Louis Feuillade et dans L'Auberge rouge. A quel point Gina Manes reussit a composer en dehors de toutes les conventions son. personnage de fille seduite et abandonnee, il suffit pour s'en faire une idee de penser que par la suite, au cours d'une carriere qui fut, parmi les plus interessantes du cinema francais, encore que, sans qu'on puisse dire pourquoi, elle ait pris fin prematurement, jamais elle n'eut a animer un personnage de victime : chaque fois qu'on eut recours au talent de Gina Manes c'etait que Ton avait besoin de ce qu'en France on appelle « une femme fatale » et en Amerique une « vamp ». Mais sous les traits de Gina Manes, cette femme fatale apparaissait aussi eloignee de celles auxquelles le cinema nous avait habitues que la victime de Cceur Fidele l'etait des pales et pleurnichardes heroines de d'Ennery et de Pierre Decourcelle. Entre les mains de Jean Epstein, Gina Manes laisse deja pressentir ce qu'elle sera avec Jacques Feyder dans Therese Raquin qui reste le point culminant de sa carriere. Cceur Fidele connut un succes tres vif aussi bien aupres du grand public que des amateurs qui, sous l'impulsion de Louis Delluc, demandaient au cinema autre chose que ce qu'il leur donnait habituellement, ceux-ci appreciant l'absence de toute convention et l'habilete avec (1) Docteur Rene Allendy : « La valeur psychologique de l'image » (V Art Cinematographique » Vol. I. (Alcan Edit. Paris, 1928 J. js