Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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284 HISTOIRE DU CINEMA Jean Gremillon, cineaste de l'eau De meme qu'il convient de placer Jean Renoir a cote de Cavalcanti, c'est tout a cdte de Jean Renoir qu'il convient de placer Jean Gremillon et plus encore peut-etre, car non seulement la personnalite de ces deux hommes a des caracteres communs mais encore parce que revolution de leur talent — particulierement remarquable une fois que le cinema sera devenu parlant — se developpe suivant des courbes qui restent assez proches Tune de l'autre. Le premier film portant la signature de Jean Gremillon est une sorte de « documentaire poetique » — si Ton admet que les deux mots puissent etre accouples — Tour au large ou s'amrme un sentiment tres attachant de la mer — sentiment que Ton retrouvera exploite de facons tres differentes dans plusieurs films de Gremillon — et qui constitue une suite d'images d'une qualite rarement atteinte dans les productions de cette epoque. Apres Tour au large, Jean Gremillon s'attaqua a une ceuvre plus importante, Maldonne, d'apres un scenario d'Alexandre Arnoux. Avoir choisi un scenario d'Alexandre Arnoux plutot qu'un vie ax m£lo ou un vaudeville a calecons est une preuve de gout qui aurait du etre prise en consideration par tous ceux que la production courante ne satisfaisait pas. II n'en fut rien : apres s'etre heurte a l'incomprehension de ses distributeurs qui exigerent que des modifications profondes lui fussent apportees, l'ceuvre qui avait ainsi perdu beaucoup de sa personnalite ne fut pas comprise comme elle le meritait. Et pourtant elle 6tait profondement humaine et fort emouvante l'histoire de ce brave patron de peniche, un personnage qui n'appartenait pas au personnel habituel des films et que Charles Dullin incarnait avec sa vive intelligence et son art tres subtil de composition. Et les images que Gremillon, aussi heureusement inspire par l'eau lente des canaux et des rivieres que par les flots tumultueux de l'ocean, avait composees faisaient de ce tour de France un digne pendant a son Tour au large... C'est encore la mer que Ton retrouve dans le troisieme film de Gremillon, Gardiens de Phare. Cette fois elle ne parait pas en premier plan. C'est plutot a la cantonade qu'elle se tient. Mais au dela des murs epais de Fetroite tour dans laquelle le drame se deroule, on la devine toujours presente et c'est sa presence qui rend le drame possible et lui donne sa sauvagerie. Avec Gardiens de Phare, Gremillon se montrait audacieux a plusieurs titres. Tout d'abord en realisant un film qui, par ses dimensions, rompait avec toutes les habitudes des directeurs de salles. A l'epoque ou ce film allait aborder les ecrans, ceux-ci offraient a leurs habitues un spectacle compose de plusieurs films de court