Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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L'AVANT-GARDE 289 plusieurs annees, allait tenir une place importante — la premiere — dans la vie cinematographique de Paris. Pour inaugurer leur salle, Armand Tallier et Myrga avaient eu la chance — ou l'habilete — de decouvrir un film qui, propose a tout le monde, n'avait trouve personne pour Taccueillir : La Rue sans joie de Pabst. Cette audace fut recompensee et pendant des mois ce fut une ruee vers la petite rue des Ursulines afin de voir ce tableau brutal de la capitale autrichienne au lendemain de la guerre, d'assister a cette decomposition d'une societe etalee sur l'ecran avec une sorte de sadisme par ce metteur en scene inconnu et qui connaissait si bien Tart et la maniere de chatouiller les mauvais instincts de la foule... Et puis il y avait le beau visage douloureux d'Asta Nielsen... Et une debutante — ou quasi-debutante car on l'avait entrevue dans un ou deux films suedois — pale et attendrissante : Greta Garbo. Le Studio des Ursulines, pour son coup d'essai, avait fait un coup de maitre. II etait lance. Ses directeurs pouvaient projeter sur leur ecran tous les films qu'ils voulaient. lis n'avaient pas de precautions a prendre. lis n'en prirent pas et accueillirent les plus hardis, les plus agressifs des films refuses ailleurs, realisant ce miracle d'avoir 1'agrement et de recevoir l'approbation des snobs, aussi bien que de la critique et des professionnels qui croyaient que le cinema est un art et non pas seulement un commerce. (1) C'etait vers le Studio des Ursulines qu'etaient tournes les espoirs de tous ceux qui souhaitaient la naissance d'un cinema nouveau et les ambitions de tous ceux qui travaillaient a rendre cette naissance possible. Aussi est-ce la que furent projetes a peu pres tous les films qui, a un titre ou a un autre, peuvent etre regardes comme l'expression des tendances nouvelles, de UEtoile de Mer a Entr'acte, de La Glace a trots faces a Jeux des reflets et de la lumiere, de La Marche des Machines, au Diable dans la Ville, de La Coquille et le Clergyman a En Rade. Si « l'Avant-Garde » est un etat d'esprit, nulle part cet etat d'esprit ne s'est epanoui aussi librement qu'au Studio des Ursulines. (2) On se rendait (1) Armand Tallier et Myrga avaient eu une autre idee non moins heureuse : amateurs de contrastes et comprenant que la hardiesse des films d' 'avant-garde qu'ils accueillaient en apparaitrait d'autant plus grande, Us projetaient dans chacun de leurs programmes un ou plusieurs films datant des annees igoo, notamment des « Actualites ». (2) Le tableau qu' Alexandre Arnoux a brosse du Studio des Ursulines n' est pas moins exact ni pittoresque que celui du Vieux-Colombier : « C est un vieux petit theatre de quartier qui n'a jamais du marcher... Salle charmante, exigue, incommode qui n'a de moderne qu'un bar, elle a trouve sa voie dans le cinema d' avant-garde et son public dans cette sorte de pare ethnographique qui s'etend de son seuil au Jockey et a la Rotonde. On yvoitde I'homme blond a lunettes, du brun a pattes de cheveux qui descendent le long des joues, du Jaune anguleux et precieux, du cow-boy a foulard, del'Hindou 19