Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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MARCEL L'HERBIER 307 et se contente d'un romantisme accessible au premier venu, reunissant des personnages familiers a tous ceux qui ont lu Hugo, Eugene Sue et d'Enner}', depuis l'homme riche et egoiste qui a seduit et abandonne une pauvre fille apres l'avoir rendue mere jusqu'au pitre difforme epris de beaute — « ver de terre amoureux d'une etqile » — depuis la danseuse qui, mere incomparable, demeure un modele d'honnetete quoiqae vivant sous le toit de la debauche, jusqu'au bel etranger, pare de tous les dons de la jeunesse et de la fortune — parfait symbole de l'amour (Marcel L'Herbier n'a pu renoncer a tout symbolisme) (1). Ce scenario justifie pleinement Louis Delluc qui, au lendemain de la presentation du Torrent, voyait deja en Marcel L'Herbier « un poete sensible, severe, jaloux, demesure et minutieux, brillant et candide ». Sans doute peuton penser qu'a propos & El Dorado, Marcel L'Herbier ne s'est pas montre extremement severe envers lui-meme, mais entre Le Torrent et El Dorado il y avait eu Rose-France et Le Car naval des Verites dont certains disaient qu'on « n'y voyait pas tres bien ou l'auteur voulait en venir » et qui firent a beaucoup l'effet d'« etudes un peu hermetiques et hesitantes » (2). II y avait eu aussi Villa Destin et Promethee banquier dont, sans avoir a craindre d'etre taxe d'injustice, on pourrait en dire autant. Et tout cela lui avait appris qu'il est dangereux d'etre severe envers soi-mcme et que la vie n'est faite que de concessions. Quant a sa candeur, il n'est pas temeraire d'estimer qu'elle s'etait assez fortement nuancee d'habilete car l'anecdote sur laquelle est construit le scenario 6! El Dorado, si nous admettons qu'elle ne soit qu'un pretexte, apparait d'une habilete remarquable par les possibilites cinematographiques et artistiques dont elle etait grosse et dont celui qui l'avait imaginee a su tirer le meilleur parti. Jamais encore le cinema n'avait eu comme ici l'occasion de prouver qu'en toute ceuvre d'art veritable ce qui importe, c'est plus la forme que le fond (3), Marcel L'Herbier essayant d'ailleurs (1) C'est d'ailleurs de « melodrame cinemato graphique » que Marcel L'Herbier a autorise M. Raymond Payelle (Philippe Heriat) a qualifier le recit qu'il a tire du scenario d'El Dorado et public aux « Editions de la Lampe Merveilleuse » (Paris 1921). (2) Henri Fescourt et Jean-Louis Bouquet : « L' 'Idee et VEcran » /. (Haberschill et Sergent Edit. Paris 192$.) (3) Ce pas donne a « la forme » sur « le fond » n' etait pas du gout de tous ceux qui allaient s'asseoir devant les ecrans. C'est de cette opinion que les lignes suivantes sont le reflst : a Chez L'Herbier comme chez Delluc, Taction passe au second plan. L'Herbier qualifie El Dorado « melodrame », ce qui montre son dedain du sujet. Pour nombre de realisateurs, seule la technique compte. On jette un scenario en pdture au public meprise mais les inities savent qu'ils ne doivent faire Hat que de certains passages. » (Henri Fescourt et J.-L. Bouquet : Op. cit.).