Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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310 HISTOIRE DU CINEMA Jamais jusqu'alors un biijet de film n'avait ete autant que celui-la, concu sous le signe de la litterature, les deux personnages qui en etaient le support n'ayant d'autre realite que celle d'entites litteraires — des entites figurant parmi les plus complexes, les moins nettement delimitees, les plus alourdies de commentaires, les plus grosses d'interpretations diverses auxquelles la litterature universelle ait donne naissance. Jamais non plus le symbole n'etait encore apparu aussi nettement qu'ici, Taction etant faite d'une lutte entre ces deux personnages qui, pour les necessites du moment, avaient ete depouilles de tout ce qui n'etait pas, pour Faust, volonte de dominer et, pour don Juan, besoin de seduire. II n'y avait pas dans un tel schema de quoi toucher le public qui avait accepte El Dorado malgre ses audaces de forme, pour l'attrait romanesque et sentimental qu'il y avait trouve ; il n'y avait pas non plus, soit dit sans vouloir diminuer le merite de Jaque Catelain (don Juan un peu mince), de Vanni-Marcoux (Faust), de Philippe Heriat, de Marcelle Pradot, de Lerner (1) l'autorite ni surtout le beau visage changeant et toujours emouvant d'Eve Francis et ce n'etaient pas les decors de Robert Jules-Gamier d'une stylisation souvent un peu froide ou se mouvaient de beaux costumes de Claude Autant-Lara, non plus que quelques pittoresques paysages qui pouvaient suffire a conquerir la foule que ce desir d'intellectualiser, d'aristocratiser le cinema dont elle avait plus ou moins nettement la sensation chaque fois qu'elle se trouvait en face d'un film signe Marcel L'Herbier, genait et humiliait. II en fut done de Don Juan et Faust comme de Rose-France, du Carnaval des Verites et Marcel L'Herbier dit poliment adieu aux studios des Buttes Chaumont (2). (1) Les autres roles Staient tenus par Johanna Sutter, Claire Prelia, Madeleine Geoffroy, Noemi Seize et par Deneubourg, Andre Daven et Michel Duran, ces deux dernier s devant renoncer bientot a V interpretation pour des activites cinematographiques plus inter essantes. (2) Don Juan et Faust souleva V enthousiasme de Canudo qui ecrivit : « La beaute et la puissance expressive de cette ceuvre, nouvelle d'idees et de formes, Strange et troublante de significations et de technique, ont egalement bouldverse le public d' elite qui admire un tel effort et les mevcantis du cinema qui ne le comprennent pas... Cependant Don Juan et Faust marque une date certaine dans I'histoire du cinema et dans cette ascension fatale de V ceuvre de Veer an vers les sommets de V intelligence atteints par les autres arts. (R. Canudo : « L'Usine aux Images », p. 134. Chiron Edit., Paris 1927J On pent rapprocher de cette opinion celle de Philippe Amiguet : « Une page d'histoire pour infante, un recueil d' images seigneunales... Un merveilleux point de depart pour toutes les reveries et pour toutes les imaginations. » (Fred. Philippe Amiguet : v. Cinema I Cinema ! » p. 22. Payot Edit. Lausanne 1923.)