Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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MARCEL L'HERBIER 317 lui, le cinema francais s'encanaillait... II se mourait de banalite, de boursouflure et de mauvais gout. L'Herbier est arrive. Doue d'une intelligence subtile, d'un gout delicat, d'une culture etendue, il a bouscule les mauvaises habitudes, il a denonce erreurs et turpitudes, puis patiemment... il a construit une ceuvre francaise, une ceuvre ou Ton retrouve, avec l'esprit de Voltaire, l'intelligence de Debussy et la fantaisie de Giraudoux. » (1) On a dit — et ce fut la le sujet de maints echos, le plus sou vent ironiques, dans la presse specialised — que, pendant qu'il dirige le travail de ses films, Marcel L'Herbier ne quitte jamais ses gants. On n'a pas ose preciser que ces gants etaient blancs. Mais on peut voir en ce detail vestimentaire, vrai ou faux, un symbole et dire des films de Marcel L'Herbier qu'ils sont, bons ou moins bons, l'ceuvre d'un homme gante de blanc, d'un homme qui ne se laisse jamais aller a « tomber la veste », si accablante que puisse etre la temperature du studio parce qu'on ne se met pas en manches de chemise dans un salon, d'un homme qui, au bistro du coin, prefere le bar ou frequentait Jean de Tinan et a la lecture d'un feuilleton de Jules Mary celle d'un poeme de Stephane Mallarme ou de Paul Valery. Un homme qui peut-etre aussi se penche un peu trop souvent sur son miroir, non pas tant par narcissisme que par inquietude. Un dand}^, somme toute — les qualites que Philippe Amiguet lui reconnait : « intelligence subtile, gout delicat, culture etendue, besoin de bousculer les mauvaises habitudes » ne sont-elles pas exactement celles qui, de tous temps et par toutes les civilisations, ont fait les dandys ? Comment, etant tel, Marcel L'Herbier aurait-il pu faire des films qui ne fussent pas un peu froids et manieres ? Mais a quoi bon le lui reprocher — on est dandy ou on ne Test pas — car quelque incompatibilite qu'il y ait entre le dandysme d'une part, le cinema et surtout la vie cinematographique d'autre part — c'est une chance et une victoire pour 1'art cinematographique d'avoir vu venir a lui un homme de cette nature et de cette qualite. Sans doute pourrait-on plus justement regretter que Marcel L'Herbier n'ait pas reussi a se debarrasser &e sa timidite naturelle, qu'il n'ait pas ose aller jusqu'au bout de ses conceptions car il n'est pas temeraire de penser que, s'il s'etait un peu moins observe, il aurait sans doute reussi a se creer un style personnel et peut-etre a l'imposer. Plusieurs fois, il a laisse dire qu'il avait 1 'intention de porter a l'ecran Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde. Pourquoi n'est-il jamais alle au dela de l'intention ? N 'aurait-il pas trouve la, mieux encore sans doute qu'avec Feu Mathias Pascal, le sujet capable de s'accorder avec ses qualites non moins qu'a (1) Fred. P. Amiguet : a Cinema I Cinema I » (Payot Edit. Lausanne, 1923 )■