Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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ABEL GANCE 323 Ce n'est d'ailleurs pas seulement parce qu'il permet de pr6ciser deux positions extremes — pour Marcel L'Herbier, le cin6ma n'est pas un art, pour Abel Gance non seulement il est un art, mais il est, a lui seul, tous les arts, l'art en soi — et qu'il fait toucher du doigt, pour ainsi dire, tout ce qui separe l'un de l'autre deux des hommes qui ont le plus fait pour conduire le cinema francais vers ses destinees que le texte ci-dessus est interessant. C'est aussi parce qu'il est un document psychologique qui met successivement en lumiere les differentes facettes de la personnalite extremement attachante, parce que fortement marquee, de son auteur. Au lendemain de la presentation de La Zone de la Mori (1), Louis Delluc avait adresse a Abel Gance cette adjuration : a Si jamais vous entendez dire que vous voyez trop grand, je pense que vous rirez tranquillement. On ne voit jamais trop grand... Ne cessez jamais de voir trop grand ! (2) » Gance avait-il inscrit ces encouragements en face de sa table de travail afin de les avoir constamment sous les yeux ? Avait-il d'ailleurs besoin qu'on le poussat a voir grand ? Ce qui est certain, c'est que la critique prevue par Delluc lui avait et6 adressee — et combien de fois ! et sur quel ton I — a propos de J'accuse ! Le rire tranquille prevu, lui aussi, par Delluc accompagnait-il le haussement d'epaules dedaigneux par lequel Gance repondit a ces reproches ? Peu importe ! Ce qui est indiscutable, c'est qu'il continua a voir grand, a voir tres grand : La Roue le prouva et aussi l'opinion qu'il s'etait faite du cinema, opinion qu'en toutes occasions il laissait voir, quand il ne la lancait pas comme un defi a la face des hesitants, des tiedes : « Evangile de demain ! Pont de reve jete" d'une epoque a une autre ! » Et ce ne sont pas la de simples formules, car il sait quels ricanements de telles affirmations soulevent, a quels risques elles l'exposent et il est pret a se battre pour prouver qu'elles expriment des Veritas qu'il est a peu pres le seul a prendre au serieux. Car il a la foi ! II croit au cinema : il ne connait rien de plus beau, rien de plus grand, rien qui merite autant qu'on lui consacre sa vie en attendant de mourir pour lui s'il le faut. Et pourquoi y croit-il ? Uniquement parce que le cinema permet de « donner une forme a des reves ! » Gance est un idealiste. Aussi, foin du realisme ! La realite n'est la que pour que le cinema en fasse du reve ! Et ceux qui ne croient pas au cinema et en cette mission qui est la sienne ne m£ritent pas de vivre !... « Le temps de l'image est venu ! » Ne croirait-on pas entendre le prophete Elie annoncant les temps nouveaux ? (1) V. p. 184. (2) Renforgant et precisant V opinion de Delluc, Lion Moussinac a ecrit a propos de La Roue : « Abel Gance voit haut et grand. C'est un eloge qu'il est presque seul a meriter. » (Leon Moussinac : « Naissance du cinima ». /. Povolozky, Edit. Paris, ig2$).