Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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328 HISTOIRE DU CINEMA juxtaposition de mouvements bruts, de deroulements de lignes se transformant, se developpant en une courbe logique et sensible surgissait. La conception de l'art du mouvement rationnellement compris reprenait ses droits, nous conduisant magninquement vers la symphonie visuelle placee hors des formules connues (i). » C'est aussi « le rythme avec ses premiers essais de mesure cinegraphique » que Leon Moussinac regarde comme le merite essentiel et le plus original de La Roue lorsqu'il ecrit : « Je n'estime certes pas que de cette matiere si riche, si mobile, si profonde, Abel Gance ait use avec la perfection que nous sentons possible, mais il est le premier a en avoir asservi la richesse dans le desordre (2), la mobilite, la profondeur, pour tout dire, la beaute originale. C'est un point de depart pour des realisations prodigieusement modernes et a l'echelle de ce temps enfin. Plastique emouvante du sentiment qui s'exprime au dela de la raison mecanique, dans le jeu des fumees et des bielles (3). » . De son cote, Jean Epstein qui pense que « l'aspect photogenique d'un objet est une resultante de ses variations dans l'espace-temps », estime qu'avec « ces courses de roues », Abel Gance « notre maitre actuel a tous » a compose « les phrases les plus classiques actuellement ecrites en langage cinematographique » parce que « ce sont la les images ou les variations, sinon simultanees, du moins concourantes des dimensions espace-temps jouent le role le mieux dessine (4). » Une innovation aussi hardie, d'un caractere aussi nettement cinematographique ne pouvait etre accueillie comme elle le meritait par un public qui allait chaque semaine s'asseoir devant les ecrans mais qui n'aimait pas assez le cinema et surtout le connaissait trop mal pour accepter ce qui venait le troubler dans ses petites habitudes. La Roue dechaina done des tempetes non seulement parmi la clientele ordinaire des salles publiques mais encore parmi les professionals qu'une audace (1) Germaine Dulac : notes inedites. (2) « J'aime ce magnifique desordre ordonne et j' admire Abel Gance quand il se dellvre et se livre ainsi en bloc, torche projetee qui brule, flamme de desastre et qui aussi eclaire et loin ! Chaque fois qu'il a essaye d'une discipline, qu'il s'est limite, qu'il a ecoute les voix de la sagesse, Gance s'est appauvri... II faut accepter ou rejeter Gance en bloc ! » (Leon Moussinac : « Naissance du cinema ». /. Povolozky Edit. Paris 1923). C'est aussi V opinion d' Abel Gance, lui-mSme qui, pendant qu'il tournait Napoleon, disait a un ami : « II faut me prendre tel que je suis, avec tous mes defauts et avec mes qualites, si j' en ai I » (3) Leon Moussinac : « Naissance du Cinema ». (J. Povolozky Edit. Paris 1925). (4) Jean Epstein : « Le cinematographs vu de V Etna ». (Les Ecrivains reunis, Edit. Paris, 1926.)