Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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ABEL GANCE 329 aussi comprehensive desorientait et quelques-uns de ceux qui assistaient a la « presentation corporative » du film au Gaumont-Palace se souviennent encore de l'indignation qui soulevait certains invites — metteurs en scene, producteurs, acteurs — plus ou moins specialises dans l'adaptation de tout repos des melodrames et des vaudevilles les plus ecules, qui criaient au scandale, estimant qu'Abel Gance se moquait du monde parce qu'il etait plus hardi, plus intelligent qu'eux, plus amoureux de son art et plus conscient des ressources de son metier. Quelques mois plus tard, ces memes hommes, mettant a profit les trouvailles et les procedes mis au point par l'auteur de La Roue, se livraient tant bien que mal aux virtuosites du « montage rapide » et Ton ne saurait citer les titres de tous les films ou Ton pourrait retrouver des imitations plus ou moins heureuses de ces passages de La Roue dont les images de plus en plus breves et montees sur un rythme de plus en plus serre, haletant, donnent aux spectateurs l'impression d'etre dans un train, emporte par une course de plus en plus rapide que rien ne pourra arreter et qui doit fatalement aboutir a la catastrophe. Ces passages qu'accompagnait un admirable commentaire musical d'Arthur Honegger (1) sont devenus classiques et il n'est pas un amateur de cinema qui ne parle avec enthousiasme de « La Chanson du Rail » et de la « Chanson de la Roue » meme quand il ne les a jamais vus. Tout cela : rythme, montage rapide, commentaire musical, symbolisme facile — le premier titre choisi par Abel Gance pour son film etait La Rose du Rail — ne meritait evidemment pas seulement des eloges sans restrictions et Ton pourrait et fort justement parler de desordre (2), d'abus de litterature et Ton ne s'en priva pas, mais c'est Leon Moussinac qui a raison lorsqu'il remarque que tout cela est « la rancon de quelque chose a quoi nous devons, dans des lueurs eblouissantes, quelques coups d'admiration. Ce n'est pas moi qui oserai reclamer jamais davantage, a l'heure presente, d'un precurseur. II nous importe peu qu'on se trompe, il nous sufnt qu'on ose. II me sufnt qu'Abel Gance ait affirme dans La Roue, un certain nombre de fois, (1) Ces pages ont connu le plus grand succes non seulement aupres des amateurs de musique qui se trouvaient parmi les amateurs de cinema, mais encore dans le monde musical. Elles sont souvent executees dans les grands concerts sous le titre : « Pacific 231 ». (2) Dans une conference « Pour une AvantGarde nouvelle » qu'il fit au Vieux-Colombier le 14 decembre 1924, Jean Epstein s'eleva contre tant limitation desordonnee : « Aujourd'hui on abuse du montage rapide j usque dans les documentaires : chaque drame possede une scene montee par petits bouts quand ce n'est pas deux ou trois... C'est trop tard ; ce n'est plus interessant ; c'est un peu ridicule. » (Jean Epstein : a Le cinematographe vu de I'Etna ». Les Ecrivains reunis » Edit. Paris 1926.)