Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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336 HISTOIRE DU CINEMA ne pouvait aller sans des frais eleves que les grands etablissements pouvaient seuls assumer et, ce qui etait plus grave, incapables d'embrasser d'un seul regard les trois ecrans, les spectateurs se trouvaient condamnes a une sorte de lecture de gauche a droite ou de droite a gauche exigeant d'eux un effort analogue a celui qu'ils sont forces de fournir aujourd'hui lorsque, assistant a la projection d'un film parlant « soustitre », ils doivent successivement regarder l'image puis lire le texte imprime dans la partie inferieure de celle-ci et cela le plus rapidement possible, talonnes par la crainte de n'avoir pas termine cette double operation au moment ou image et texte disparaitront, remplaces par une image nouvelle et la suite du dialogue. Mais ce dernier inconvenient aurait bien certainement perdu de son importance avec l'accoutumance et il n'est pas interdit de supposer que Ton aurait sans doute trouve assez facilement, pour peu qu'on l'eut voulu, le moyen de rendre plus pratique et surtout moins couteux l'usage du « triple ecran », si bien que Ton est en droit de regretter qu'a cette innovation d'une importance indiscutable, aucun auteur de films n'ait eu recours apres Abel Gance, au moins pour certaines ceuvres exceptionnelles. Le grand ecran dont on se sert maintenant communement ne permet qu'un agrandissement de l'image sans aucun des effets faciles au « triple ecran ». Mais ce n'est pas seulement quand il a recours a des moyens exceptionnels comme « le triple ecran » que Gance, dans Napoleon, se laisse aller a son lyrisme et il y a, tout au long du film, des scenes ou, sans autre recours a la technique que quelques discretes « surimpressions », il est arrive a donner une impression de grandeur assez rare au cinema et, mieux encore, a doter les spectateurs d'une ame collective liberee de leurs mesquines preoccupations quotidiennes, telle, par exemple, la scene ou, avant de partir pour prendre le commandement de l'armee d'ltalie, Bonaparte vient, un soir se recueillir dans la salle deserte de la Convention ou l'accueillent les ombres de ceux qui ont fait la Republique et qui sont morts pour qu'elle vive. Telle encore s'abandonne a sa presente ambiguite comme a un plaisir assez trouble. Deja, il nous offre une vue plus haute d'apparences plus vastes, mais presque en mime temps, negligeant V esprit, multiplie la sottise ordinaire par trois. » Mais il voyait tres nettement les possibilites — les devoirs — du nouveau procede quand il ajoutait : « U ecran agrandi ne doit pas seulement agrandir le decor, mais dessiner des rythmes soustraits au champ habituel de la vision. II doit permettre a I' esprit de dominer les mouvements unanimes qui jusqu'a present lui echappaient. » Mais c' est evidemment au « triple 4cr an » qu'il pensait quand, ayant revu le film, il constatait qu' Abel Gance « au lieu de dechainer une symphonie » se plait a detailler des panoramas. » (Rene Schwob : « Une milodie silencieuse ». Grasset Edit. Paris 1929.)