Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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ABEL GANCE 339 froide, jamais figurants de cinema ne se reVelerent si pleinement a la hauteur de leur rude metier, ni si fidelement dignes du role que celui qui les employait leur avait con fie : on eut dit que l'ame des soldats de l'An II etait, a la voix enthousiaste et convaincante d'Abel Gance, passee en eux pour quelques heures et pour ceux qui savent que les services qu'un metteur en scene peut attendre de sa figuration ne depassent guere ceux que peut rendre une bonne volonte ressemblant comme une sceur a la resignation, il y a la un miracle qui fait honneur a celui qui sut le provoquer (1). En ce qui concerne ses collaborateurs techniques, Abel Gance n 'avait pas eu la main moins heureuse. C'est ainsi que pour la prise de vues il avait reuni des operateurs de premiere classe comme Jules Kruger, Mundwiller, Leonce Burel, Lucas, Emile Pierre, Hubert, toujours prets a saisir sa pens£e, a devancer ses desirs, ingenieux et patients dans la recherche des effets qu'il voulait obtenir, de memeque pour l'etablissement de ses decors il avait groupe de veritables artistes (1) Le 4 juin 1924, avant de donner le premier tour de manivelle de son film, Abel Gance avait adressS cet appel a tons ses collaborateurs : « II faut, entendez bien le sens profond que je mets dans ces mots, il faut que ce film nous permette d'entrer difmitivement dans le temple des arts par la gigantesque porte de I'Histoire. Une angoisse indicible m'dtreint alapensee que ma volonte et le don de ma vie mime ne sont rien si vous ne m' apportez pas tous un divouement de toutes les secondes. Nous allons, grace a vous, revivre la Revolution et V Empire. La tdche est inouie. II faut retrouver en vous la flamme, la folie, la puissance des soldats de l'An II. L' initiative personnelle va compter. Je veux sentir en vous contemplant une houle de force qui puisse emporter toutes les digues du sens critique, de facon que je ne distingue plus de loin entre vos cceurs et vos bonnets rouges. Rapides, fous, tumultueux, gigantesques, gouailleurs, homeriques avec des pauses, des points d'orgue qui rendent les silences plus redoutables : ainsi vous veut la Revolution, cette cavale embalUe. Et puis un homme qui la regarde en face, qui la comprend, qui veut s'en servir pour le bien de la France et qui brusquement saute sur elle, la saisit par les rines et peu a peu I'apaise pour en faire le plus miraculeux instrument de gloire. La Revolution et son rire d'agonie, V Empire et ses ombres gdantes, la Grande Armee et ses soleils, c'est a vous qu'il incombe d' en recreer les immortelles figures. Mes amis, tous les Scrans de I'univers vous attendent. A tous, collaborateurs de tous ordres, premiers roles, seconds plans, operateurs, peintres, electriciens, machinistes, a tous, surtout a vous, humbles figurants qui allez avoir le lourd fardeau de retrouver V esprit de vos aieux et de donner par voire unite de cceur le redoutable visage de la France de 1792 a 1815, je demande, mieux : j' exigel' oubli total des mesquines considerations personnelles et un devouement absolu. Ainsi seulement vous servirez pieusement la cause deja illustre du plus bel art de I'avenir a tr avers la plus merveilleuse des lecons de I'Histoire. » Cette « proclamation » provoqua naturellement des sourires etl'on reprocha a Abel Gance de se prendre pour NapoUon. Mais il semble bien qu'elle ait atteint son but.