Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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352 HISTOIRE DU CINEMA que Jacques Feyder fit sur commande et, ce qui est plus grave pour une vedette : « Vous comprenez, d6clara-t-il a Georges Chaperot, on ne m'a pas demande de faire un film sur Carmen avec Raquel Meller mais bien de faire avec Raquel Meller quelqae chose sur Carmen. Vous saisissez la nuance ? » (i) En parlant de nuance, Feyder s'afnrme ironiste redoutable, mais en jugeant utile d'etablir cette nuance il laisse voir que son opinion sur Carmen est assez eloignee de celle qu'il a sur L'Image et sur Therese Raquin et qu'il eprouve le besoin d'invoquer le benefice des circonstances attenuantes. C'est aussi la premiere fois qu'il aura aupres de lui, tant que durera le travail du film, aussi bien autour de la table de travail qu'au studio et en plein air, un directeur artistique et un directeur artistique dont le role aura ete assez important — ce qui n'a rien de surprenant, etant donn6 sa personnalite — pour qu'il accepte de voir, dans la brochure de presentation du film, la photo de celui-ci voisiner avec la sienne propre. Sans doute la firme qui a pass6 la commande est-elle de celles pour qui un homme comme Feyder peut travailler sans se deconsiderer, puisque non seulement les meilleurs artistes russes mais encore quelques-uns des meilleurs parmi les cineastes francais, de Jean Epstein a Marcel L'Herbier, lui ont apporte leur collaboration, sans doute la vedette avec qui il s'agit de faire quelque chose est-elle une artiste puisqu'elle a nom Raquel Meller, sans doute en fin le directeur artistique est-il parfaitement capable de comprendre et meme d'avoir une influence heureuse puisqu'il s'agit d'Alexandre Kamenka qui, au studio de Montreuil, a appris, aupres des meilleurs maitres, ce qu'est le cinema et qui n'en ignore rien, mais il n'en reste pas moins que, pour un homme comme Feyder, qui ne prise rien tant que sa liberte de pensee et d'action, faire un film dans ces conditions n'est pas l'ideal auquel il puisse pretendre et dont il a besoin. Et il n'y a rien d'etonnant que cette contrainte soit sensible presque a chaque scene du film. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de bonnes choses dans Carmen. II y en a meme d'excellentes dont les meilleures se trouvent bien certainement dans les scenes de caractere documentaire, comme celles, developpees non sans quelque complaisance, de la corrida dont toute l'interpretation, aussi bien dans l'arene que dans les loges et sur les gradins reserves aux spectateurs, fut assuree par des acteurs et des figurants improvises. II y a la une sincerite, un accent, admirablement mis en valeur par Feyder et ses operateurs, ou se demasque toute Tame ardente de l'Espagne. Cette meme impression se degage encore de certaines scenes de plein air dans la sierra avec les contrebandiers, mais on ne peut malheureusement pas (i) Georges Chaperot : « Souvenirs sur Jacques Feyder » (Revue du cinema, Jer juillet 1930, Editions Gallimard, Paris.)