Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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L£ON POIRIER 377 seconde par une interpretation (Myrga, A. Tallier, Roger Karl, Pierre Blanchar, J. Marie-Laurent, Suzanne Bianchetti) d'une intelligence et d'une sensibilite dignes des plus grands eloges. Ce sont les memes qualites que Ton devait retrouver dans Genevieve, dont Leon Poirier alia aussi chercher l'inspiration dans Lamartine. Mais comme le sujet ne valait pas celui de Jocelyn, comme il etait moins connu, comme le cadre en etait moins pittoresque, le succes en fut moindre, bieh que, moins severe qu'a l'egard de Jocelyn, Leon Moussinac estime Genevieve « une adaptation reussie ». Jocelyn est d'ailleurs une des ces reussites qu'il est impossible de renouveler. Entre temps, Leon Poirier, changeant une fois encore de genre, avait inscrit en tete d'un nouveau film un titre qui depuis plus d'un siecle n'a cesse d'exciter l'imagination populaire : V Affaire du Courtier de Lyon. Mais ce n'etait pas le melodrame de Moreau, Siraudin et Delacour qui, depuis sa creation en 1850 sur la scene de la Gait6, a fait courir les foules dans tous les theatres ou il a ete represents qu'il avait entrepris de ressusciter. Son ambition etait plus haute. Comme Abel Gance, Leon Poirier est de ces hommes qui croient a la mission du cinema. Mais, different en cela de l'auteur de J' Accuse ! sa foi n'est pas d'ordre lyrique et en quelque sorte passionnel ; elle est raisonnable et raisonnee. En s'attaquant a un cas d'injustice, a une erreur judiciaire qui exit, a l'egal de l'affaire Calas, passionne Voltaire s'il avait vecu en 1796, Leon Poirier entendait faire servir le cinema a la rehabilitation de l'innocent injustement condamne. Ce n'est done pas un melo ingenieusement combine par des specialistes du genre, habiles a nouer les fils d'une intrigue fertile en peripeties 6mouvantes et en coups de theatre inattendus qu'il ressuscite, mais une enquete qu'il mene, une enquete dont les dossiers du Palais de Justice lui fournissent les elements, une enquete au terme de laquelle, comme dans le vieux melo, se dresse la guillotine ! Mais si dramatiques que soient les peripeties de cette enquete, elles perdent de l'intensite que leur conferait le raccourci theatral et d'autant plus que dans son louable souci de ne rien laisser dans l'ombre de ce qui pouvait contribuer a rendre aussi humain que possible l'homme dont il avait entrepris la rehabilitation, Leon Poirier avait developpe son film qu'il qualifiait d'ailleurs de « chronique romanesque » bien plus a la facon d'une plaidoirie que d'une action dramatique. CEuvre raisonnable, consciencieuse, soignee, mais manquant de flamme, en depit d'une excellente interpretation qui reunissait Roger Karl aussi remarquable sous l'un que sous l'autre des deux aspects de son double personnage, Daniel Mendaille, SaintOber, Bourdel, Myrga, Suzanne Bianchetti, Blanche Montel, V Affaire du Courrier de Lyon fait honneur a son auteur bien plus par les intentions auxquelles le film repond que par sa valeur cinematographique.