Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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378 HISTOIRE DU CINEMA Tous ces films avaient 6te r6alis£s pour Gaumont dont, entre temps, L£on Poirier etait devenu le directeur artistique, ce qui lui permit d'elargir son effort et de chercher a Clever la production de la maison a ce niveau de dignite et de qualite auquel il voulait hausser le cinema et qu'il le sentait capable d'atteindre. Mais cet effort fut trop vite interrompu car, presque en meme temps que Marcel L'Herbier, Leon Poirier quitta le studio des Buttes-Chaumont, ajoutant un nom a la liste des hommes doues de talent et de personnalite qui ne purent trouver aupres des grandes firmes francaises de production la comprehension durable dont ils avaient besoin pour travailler dans des conditions favorables. De la liberty qu'il venait d'acquerir Leon Poirier profita pour r£aliser un film qui est sans doute le plus lourd de qualites, le plus representatif de sa maniere qu'il ait fait : La Briere d'apres le roman d'Alphonse de Chateaubriant. Drame de mceurs paysannes, rude, brutal entre des etres primitifs qui se heurtent en un conflit ou l'amour, l'interet et la tradition agissent a peu pres a la facon des dieux dans la tragedie antique, drame se developpant dans une atmosphere qui en accentue le caractere, La Briere a fourni a Leon Poirier l'occasion de reveler un aspect de son talent dont furent surpris tous ceux qui, ayant aime Jocelyn et Genevieve n'en avaient retenu que leur grace elegante, leur harmonie nuancee et avaient oubli6 l'austere beaute de certains paysages alpestres du premier de ces deux films, la vigueur de certains tableaux de mceurs paysannes du second. Tout ce qu'il y a de romantique dans la personnalite de Leon Poirier s'epanouit a l'aise dans La Briere qui s'eleva ainsi au-dessus de ce realisme, plus ou moins sordide, dans lequel le film, en d'autres mains, aurait pu dangereusement sombrer. Qu'il s'agisse des paysages ou des personnages — et particulierement de celui du vieil Aoustin, l'homme a la main de bois, campe tout d'une piece avec beaucoup de pittoresque par Jos6 Davert heureusement echappe de Ch6ri-Bibi (i) — tout ici prend une sombre grandeur et c'est sans la moindre exageration que Ton peut voir en La Briere le seul film francais qui rappelle les meilleures ceuvres de la grande epoque suedoise, tant par le sentiment de la nature qui s'y exprime que par les dimensions quasi legendaires de ses personnages (2). D 'avoir pris dans La Briere ce bain de nature qui repondait si bien a quelques-unes de ses preferences instinctives les plus profondes, (1) Jose Davert devait le meilleuv de sa popularity a V interpretation du personnage du bagnard Chhi-Bibi dans La nouvelle aurore d'apres le roman de Gaston Leroux. (2) Les autres roles de La Briere etaient tenus par Armand Tallier et Laurence Myrga qui veconstituaient le couple d' amour eux auquel Jocelyn avait du une bonne part de son succes et par Jeanne Marie-Laurent.