Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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404 HISTOIRE DU CINEMA ce qui le rendait fort exigeant en vers lui-meme comme en vers les autres aussi bien lorsqu'il s'agissait de choisir un sujet que lorsqu'il se trouvait sur le plateau a diriger ses acteurs ou a regler un jeu de lumiere. C'etait cette inquietude, commune a la plupart des artistes et des r£veurs contraints a Taction, qui etait le caractere essentiel de la personnalite* de Volkoff et il suffisait de le voir aupres de Tourjansky, athletique et sur de lui, veritable force de la nature, pour se rendre compte de tout ce qui s£parait les deux hommes. Rappelant une phrase de Rene Boylesve : « Un bel artiste, vers la quarantieme annee, a pris le masque de son art et ses yeux sont profonds et pleins de choses dorees et de lumieres, comme ces enfilades innombrables de pieces qu'on voit dans une glace ou une autre glace se mire », Jean Arroy, sous le pseudonyme de Jack Conrad, a trac6 d' Alexandre Volkoff ce portrait : ««Un peu tasse, mains aux poches, il s'avance de sa demarche beethovenienne... Neige aux tempes, sa belle figure d'apotre ou de tribun enfonc6e entre les epaules... les yeux dilates de reve, d'angoisse et d'incurable nostalgie, les levres pincees dans un rictus amer, obstine, un peu sadique, melange troublant de mysticisme et de sensuality, ses deux poles potentiels, il parle d'une voix chaude cingl^e d'intonations glacees... et peu a peu sa conviction rayonne autour de lui, se propage en ondes fremissantes... On ne peut resister a cet enchanteur... (i) » Le portrait est exact : Volkoff etait un enchanteur et le charme qui se d£gageait de son regard, de ses gestes, de sa voix, il savait le communiquer a ses films et de telle facon qu'aucun des spectateurs qui assistaient a leur projection n'y echappait. C'est indiscutablement ce charme qui caracterise le mieux le talent de Volkoff et donne a son ceuvre sa personnalitd, car il s'impose avec une force egale, qu'il s'agisse d'un melo comme La Maison du Mystere ou d'un drame romantique comme Kean, d'une comedie a la fois burlesque et sentimentale comme Les Ombres qui passent ou d'une fantaisie a grand spectacle destinee comme Casanova a fournir un beau role a une vedette. C'est en effet en ces quatre seuls films que tient l'ceuvre d'Alexandre Volkoff entre son arrivee a Paris et la naissance du cinema parlant De ces quatre films, les trois premiers seuls ont et6 tournes au studio de Montreuil pour la Soci£te Albatros, Casanova ayant et6 produit en collaboration par Noe Bloch et la Societe des CineRomans. Et, du triangle qu'ils forment, le sommet est indiscutablement Kean (2). Kean ou Desordre et Genie est une piece d'Alexandre Dumas pere (1) Cinimagazine, n° 30 de 1927. (2) A ces quatre films fails en France, il convienl d'ajouter Sheh6razade que Volkoff fit a Berlin en 1928.