Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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COLLABORATION FRANCO-RUSSE 413 celui du Russe inquietait par son acuite : on subissait Tun comme un poids qui 6crase, l'autre comme une lame aceree qui penetre. Si Ton n'oublie pas le fameux « charme slave » dont Mosjoukine avait plus large provision qu'aucun autre de ses compatriotes et si Ton ajoute que ce charme avait ceci d'original qu'il se rehaussait d'une ironie et d'un humour naturels qui auraient fait merveille dans Interpretation d'un personnage d'Oscar Wilde ou de Bernard Shaw — on le vit bien dans Feu Mathias Pascal — on aura indique quelques-uns des traits qui caracterisent le plus nettement la personnalite de Mosjoukine, acteur. Ces dons, Mosjoukine les utilisait avec ce melange de spontaneite et de reflexion que seuls possedent les grands acteurs ayant autant d'intelligence que d'experience de leur metier. Et Mosjoukine connaissait le metier cinematographique dans toutes ses specialites et dans tous ses details. On a sou vent dit que, venu du theatre, il n'avait jamais reussi a l'oublier et que, si grande qu'ait ete sa science du cinema et si profonde sa conviction que le jeu cinematographique doit etre different du jeu theatral, il avait garde un jeu theatral. Ce reproche n'est pas depourvu d'in justice. II n'est pour s'en convaincre que de rappeler une anecdote qui a ete rapportee par tous ceux qui ont ecrit ou parle de Mosjoukine et par tous ceux qui ont parle ou ecrit de Poudovkine. Celui-ci, voulant montrer a quelques disciples le detail de ce que les professionnels appellent « le montage », operation essentielle dans la mise au point d'une ceuvre de l'ecran, avait detache quelques metres d'un « gros plan » de Mosjoukine dans un film dont celui-ci avait ete l'interprete puis il avait fait contretyper ce « gros plan » deux fois de maniere a avoir sa disposition trois suites d'images rigoureusement identiques et il avait colle chacune d'elles la premiere apres une image montrant une assiettee de soupe fumante posee sur une table, la seconde apres une image de cadavre et la troisieme apres une image de jeune femme sommeillant a moitie nue. Les six images se suivant sans interruption furent ainsi projetees devant quelques personnes qui immediatement admirerent le talent de Mosjoukine, sa puissance et sa variete d'expression. Et le fait etait, en effet, que le visage qui suivait l'assiettee de soupe fumante etait celui d'un homme affame convoitant l'aliment qui lui est offert, le visage qui suivait le cadavre celui d'un homme epouvante, hebete par le crime qu'il vient de commettre, le visage qui suivait la jeune femme endormie celui d'un homme qui contemple, charme, le sommeil de sa bien-aimee... Et pourtant c'etait indiscutablement la meme expression, rigoureusement la meme puisque c'etait une seule image repetee mecaniquement trois fois. Cette anecdote qui avant tout prouve que Ton peut tout faire dire aux images, est faite pour montrer quels effets on peut obtenir par un « montage » intelli