Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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49o HISTOIRE DU CINEMA n'a nulle part ete aussi regrettable qu'en France, car c'est bien certainement en France que se trouvent les plus significatives, les plus probantes reussites de realisateurs abandonnes a eux-memes ou travaillant sans se soucier des gouts du public. « Les gouts du public » — tel fut, en effet, des les premiers jours de la vie cinematographique, le grand argument que les commercants opposaient a toutes les velleites d'originalite des auteurs et realisateurs. Et pourtant, il n'est pas un film rompant plus ou moins avec les habitudes qui n'ait ete accueilli comme il le meritait, qu'il s'agisse de La Roue ou de Cceur Fidele, de La Souriante Madame Beudet ou d'El Dorado, du Brasier Ardent ou de Verdun, Visions d'Histoire. Caligari lui-meme qui, lorsqu'il arriva en France, fut regarde par toutes les « competences » comme inacceptable par le public francais et qui malgre ces avis autorises (!) connut un succes depassant celui de la simple curiosite, ne parvint pas a convaincre les commercants que Toriginalite meme la plus audacieuse paye : avant comme apres cette r£ussite de Initiative la plus hardie qui ait 6te prise depuis L'arroseur arrose, producteurs, distributeurs, exploitants francais continuerent a craindre Taudace comme la peste et a regarder comme des fous les auteurs et realisateurs qui osaient leur proposer quelque chose qui ne fut pas la rendition de quelque chose de deja fait, de deja vu, de deja beneficiaire. Quand on a jete ainsi un coup d'ceil sur les conditions materielles et encore plus morales dans lesquelles ont ete obliges de debuter les jeunes hommes tentes par le cinema et qui n'y firent leurs premiers pas qu'au lendemain de l'armistice, le seul sentiment que Ton doive eprouver est Tadmiration, admiration d'autant plus grande que non seulement ces jeunes hommes — Julien Duvivier aussi bien que Rene Clair, Jean Renoir aussi bien que Jean Epstein, Jean Gremillon aussi bien qu'Alberto Cavalcanti — ont pu vivre de leur metier, assurer et agrandir peu a peu leur situation et doter Tart auquel ils s'etaient voues de formes nouvelles et d'ceuvres personnelles. Ce merite apparait encore plus grand quand on sait que le cinema n'a jamais eu en France la clientele qu'il a dans la plupart des autres pays. C'est en France, en effet, que Ton a le plus vivement critique le gout du public pour les spectacles cinematographiques, et des moralistes a tout faire ont jete l'anatheme sur le danger que representent ces spectacles (i). On n'a pas attache a ces sermons et a ces diatribes toute (i) De ces diatribes void un exemple cite' par Marcel L'Herbier dans « Intelligence du Cinema » : « Le Cinemato graph e se signale generalement par le mauvais gout et Vimmoralite. II distille le poison moral aux enfants et aux gens du peuple. Les films policiers, criminels, licencieux et demoralisateurs forment avec le concours des affiches-reclames evocatrices, de futurs cambrioleurs, de futurs chenapans, de futurs bandits. Aussi a-t-il maintes