Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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492 HISTOIRE DU CINEMA de tels chiffres on est tente de dire que le Francais n'aime pas le cinema et c'est peut-etre vrai, en depit de l'empressement avec lequel les midinettes se jettent chaque semaine sur les magazines ou elles peuvent trouver les dernieres indiscretions plus ou moins ingenieuses sur les vedettes hollywoodiennes. Non ! Le Francais n'aime pas le cinema. II ne l'aime pas comme il aime le theatre, qui fait partie de ses traditions nationales les plus profondement enracinees et dont on peut vraiment dire qu'il l'a dans le sang. Si interessante, si efficace qu'elle ait ete, Taction de Delluc, de Canudo, du Cine-Club, de Charles Leger, des Studios d'Avant-Garde, de la partie de la Presse qui echappait aux servitudes de la publicite, n'avait pas encore reussi a amener devant les ecrans tous ceux qui auraient du voir dans le cinema un moyen d'expression digne de leur sympathie et de leur interet. Un mouvement avait ete cree, mais ce mouvement n'avait pas depasse certains milieux snobs et le cinema continuait a avoir des ennemis irreductibles qui n'hesitaient pas a dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas et a le dire avec autorite. Que Paul Souday s'exclame « Le cinema, c'est de la sous-crotte de bique ! », on peut voir en cette affirmation une de ces boutades auxquelles le critique du « Temps » se laissait facilement emporter et qui n'avaient d'importance que pour lui-meme. Mais que Rene Doumic n'hesite pas a declarer : « Le cinema ?... Un inquietant retour vers la barbarie ! » ou Anatole France : «Le cinema materialise le pire ideal populaire... II ne s'agit pas de la fin du monde, mais de la fin de la civilisation », voila qui est plus grave parce que d'une part le directeur de « La Revue des Deux Mondes », quoi qu'en puissent penser les disciples de « La Nouvelle Revue Francaise », non seulement dirige, mais encore represente une partie de l'opinion et parce que, d'autre part, l'auteur des Dieux ont soif est universellement regarde comme un esprit moderne, qu'aucune nouveaute, si audacieuse qu'elle puisse etre, n'effraie et que Ton est autorise a penser qu'il sait de quoi il parle puisque plusieurs de ses ceuvres (i) ont ete portees a l'ecran, l'une d'elles notamment (Crainquebille) avec un succes suffisant pour que son auteur puisse avoir du cinema une opinion favorable. Mais ces opinions ne provoquent que de rares reactions et de faibles protestations : le cinema n'est pas entre dans les mceurs francaises, on ne le prend pas au serieux. Pour ceux qui ne cherchent pas a en vivre, il n'est qu'une distraction, un passe-temps, quelque chose comme un petit animal encore un peu sauvage dont le comportement, (i) Les ceuvres d' Anatole France qui, a cette epoque, ont ete portees a l'ecran sont Le Lys Rouge, Thais, Crainquebille et Jocaste.