Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

LE CINEMA FRAN£AIS EN 1929 493 parfaitement imprevisible, merite parfois un peu d'attention bienveillante. Mais rien de plus. Aussi, la production a-t-elle pu tomber de deux cent huit films en 1919 a soixante-dix en 1929 sans que l'opinion s'en soit emue : les films americains, allemands et autres ne sont-ils pas la pour assurer aux ecrans des programmes suffisants pour les cinquante-deux semaines de l'annee ? Le cinema est ne en France, mais il n'est pas pres d'en etre devenu l'industrie nationale. C'est en France qu'il est devenu un art, qu'il a decouvert les voies dans lesquelles il pouvait et devait se developper, qu'il a pris les differentes formes sous lesquelles il pouvait se manifester mais le public francais n'a pas l'air de s'en rendre compte et il n'a aucune reconnaissance, aucune consideration pour ceux qui ont permis a cet art d'evoluer. Que ce passe-temps qu'est pour lui le cinema lui permette d'avoir du monde une vision plus large et plus precise, une connaissance plus complete, plus rapide et surtout plus facile que celle dont traditionnellement il va chercher les elements dans la lecture et plus particulierement depuis le debut du xixe siecle dans celle des journaux, il l'accepte sans toujours s'en apercevoir de facon tres precise, mais ce r^alisme lui, plait. II lui plait tellement qu'il lui est difficile d'admettre que ce qu'il voit sur l'ecran n'a pas eu lieu. Les premiers spectacles que celui-ci lui a -offerts etaient de simples enregistrements de ban ales realites sans la moindre intervention d'imagination humaine si bien que peu a peu et tout naturellement on fut « dispose a croire, comme l'a fort justement note Denis Marion, que la projection sur l'ecran impliquait necessairement une realite anterieure qu'elle se bornait a reproduire (1). » Et cette disposition persista lorsque la plus grande partie du spectacle cinematographique fut composee de films a base d'imagination, ces films qui n'avaient d'autre but que de plaire au public, s'efforcant tout naturellement d'etre une reproduction aussi fidele que possible de la realite. Jusqu'oii cette reproduction de la realite — malgre les efforts d'un Melies, d'un Rene Clair a peu pres seuls a avoir vu qu'elle ne constituait pas 1' unique fin vers laquelle le cinema devait tendre — pouvait-elle aller, personne ne Timaginait, les exigences du public se faisant chaque jour plus imperieuses a cet egard. L'evolution de l'art cinematographique se poursuivait done a peu pres suivant une seule direction, Taction d'un Abel Gance, d'un Marcel L'Herbier, d'un Rene Clair, d'une Germaine Dulac, en France, des expressionnistes en Allemagne demeurant sans effet sur les producteurs pour qui, en dehors du realisme, il n'y avait pas de salut. (1) Denis Marion: « Aspects du cinema')). (Editions Lumiere, Bruxelles, 1946.)