La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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DU CINfcMA II Si vous etes ties embarrasse, ou si ce langage ne vous semble pas clair, veuillez repondre au questionnaire suivant: I " Qu'est-ce, pour vous, que l'expression « revelation cinematographique »? 2" Existe-t-il un ou plusieurs films qui, par un caractere bouleversant, ou imprevu, ou incomprehensible, ou densoire, ou tragique, vous ait, a aucun moment, trouble, ou mieux inquiete? 3" Et pourquoi, sil vous plait? ANDRE DELONS. Void trois premieres reponses. Comme nous I'avions preVu el souhaite elles accusent une diversite de reactions el de penetration ires nette. Nous n'ajouterons rien a ces reponses pendant le cours meme de I'enquete. Ce sont des experiences que nous meltons sous Vos yeux. RENE CLAIR: Le monde sur lequel s'ouvre l'ecran, son arbitraue, sa logique aussi, enfin sa poesie, et c'est tout ce que je lui demande, je m'y plais a ce point qu'il me semble impossible d'en avoir peur. Etes-vous reellement si craintif ? C'est l'autre monde qui m'effraie, celui qui commence autour du cadre de cet ecran et s'etend, par dessus les tetes de Forchestre, jusqu'a certains lieux que je connais bien. Ne m'en demandez pas davantage. Je ne suis pas d'humeur a vous livrer tous mes secrets en une fois. G. RIBEMONT-DESSAIGNES : S'll est une de ses creations dont l'homme puisse avoir peur, c'est bien le cinema. II n'y a guere que celui-ci qui depasse sa volonte a tel point que les ponts puissent etre, a certain moment, coupes. Mais lis ne le sont pas encore. Et je me contente de jouer avec la peur en attendant. Un univers entoure notre carapace. Nous n'avons de plus cner clesir que de la franchir pour penetrer dans cet univers, mais daigne-t-il paraitre, et notre coeur se fige dans une poitrine detain. Les faillites successives de toutes les tentatives astronorniques destinees a sortir du subjectivisme et peneter dans les environs de l'univers surreel nous ont conduits a de smgulieres extremites. Le moindre miracle nous tirerait d'affaire pour un temps. Pour un temps seulement. Car, en vente, un miracle qui se realise n'est pas un miracle. II ne se produit rien que nous ne naturalisions aussitot. Qu'on se represente ce que la religion catholique appela miracle, et ce qu'elle nomme encore ainsi a Lourdes ou ailleurs, et Ton est epouvante de tant de mesquinerie. II s'agissait de se satisfaire a peu de frais, et sans doute l'appantion d'evenements contraires en leur esprit a toute loi telle que nous concevons une loi, jette rait l'homme dans un tel abime d'epouvantable felicite que la question humaine serait d'un coup liquidee. Certes, nous n'attendons pas du cinema qu'il nous mene a un tel point mais ll serait deja beau qu'il ouvrit les premiers hublots sur la mer metaphysique, et nous permit de frissonner sous le souffle de l'air inconnu. Les armes que le cinema insinue dans les interstices de Finconnu pour nous en fane apparaitre les signes, sont la presence de Famine derriere Finanime et de Finanime derriere Famine, et le mamement, a son gre, du temps. La peinture a parfois laisse entendre qu'elle etait capable de soulever le meme pan de la carapace de notre isolement, mais il lui manquait le mamement du temps. La poesie a epele les signes, mais nous ne les avons pas vus. On n'a peur m de Fune m de l'autre. On sait trop qu'il s'agit de premiers pourparlers sans danger. Le cinema tel qu'il nous apparait deja nous fait mesurer et entendre les pas du destin. Les ternbles coincidences, Fimmensite speciale de Famour, le peuplement des tenebres par Feternite, peuvent faire enfin pourrir le bureaucrate de Fame et de l'ceil. II n'est pas dit qu'on ne leur doive un jour une nouvelle morale et que toutes les hgnes de la main n'en soient changees. Les arsenaux qu'on porte en son propre desert, revulse jusqu'aux limites possibles, circulant en liberte et vous sautant a la gorge au coin d'un bois... Peu importe ce qu'on en fera ni si cela se fera, si pour moi cela est. Je m'attends toujours a voir apparaitre dans la matiere inammee les manifestations de la vie metaphysique. C'est pourquoi je suis pret a lui ceder lachement, comme on peut ceder a la lave qui coule de FEtna. Jusqu'a present c'est dans les films de Charlie Chaplin et de Man Ray que j'ai saisi la presence immediate de ce qui peut faire peur. Mais il est d'autres films, sans qu'aucun nom me vienne a la memoire ou, par eclairs, la meme presence frappe a la porte, furtivement, derriere un mouvement ou un visage agrandi... Le jour que je verrai a l'ecran ma propre presence, c'esta-dne le vide rempli de tout ce que je ne connais pas, ce jour-la, alors, je pense que je connaitrai veritablement la crainte. GERMAINE DULAC : Peur du cinema... Pourquoi ?... Je n'ai jamais eu peu de Favenir (la vie) ... des mondes inconnus... Mais du passe (la mort) ... de ce que Fon croit connaitrc... Abstrait ou concret le cinema, objectif puissant, per^oit et enregistre au dela de nos limites visuelles. Je n'ai pas peur du cinema, mais seulement de notre orgueil a son endroit, et de notre imbecile routine.