La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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CHRONIQUE DES FILMS PERDUS « ...J'ai le senlimenl que des choses tnviales el prodigieuses, belles et sordides, haissables, adorabies, s'accomplissent dernere cetle porle. » Charlie Chaplin. En verite, le sens elementaire dune certaine conduite, du prix de la liberie, le rejet systematique de tout ce qui confine a Funiversel ennui, l'incapacite d'avoir faim devant un « prix fixe », le droit, liautement reclame, a la superchene, l'attirance du confus, du mal fait, le gout du decor qui prend l'eau, l'admiration absolue de quelques visages « perdus » et de toute grandeur insolite, voila qui restera un secret impossible a vendre et qui legitime suffisamment mon dessein. Je parlerai des films perdus. Des films particulierement uiterdits aux « amateurs d'art », aux applaudisseurs-du-boutdes-doigts, aux admirateurs-du-triple-ecran, a tous ceux qui disent de Den Ilnr: « Oui-mais-il-y-a-la-course-de chars », a tous les « ties fin, ties juste » qui sont encore loin de compte avec nous, en depil des apparences. Comme si le Cinema, qui passe pour un art, n'etait pas comme les .ml res arts abandonnes a eux-memes un true, un true qui autorise toutes sortes d'insanites et de miseres. Mais plus le cinema se perd, e'est-a-dire se met a servir tout entier la surprise, se hvre a 1'inexplicable amour, ou a la derision de quelques idees fausses, la oil ll oublie d'etre sempiternel, veuillez crone que la seulement, ll a toute mon admiration. Ceci dit, je n'ai plus qua parler de ce qu'il me plana. Je dirai d'abord quelques mots d'un personnage ties gai, irresistible, bien que souvent titubant, et que je rencontrais naguere dans certames banheues, a l'entree du Cinema Pigalle, ou de la salle des Milles-Colonnes, une sorte de demon pour les enfants nerveux, et qui regne en maitre sur tout un peuple de sciures de bois, de portes de secours et de cacahuetes, j'ai nomme « La SoNNETTE-DE-l'E,NTR'ACTE ». C'est sous le signe de ce grelot mal attache, que je tiens a placer les fameuses dix minutes de fou lire, Picotin noctambule et Picratt en folie, toutes les petites parades desolantes et baclees, oil un tas d'accessoires bizarres degringolaient sans reprendre haleine. On s'y perdait. Ca n'avait aucune importance. C'etait quelque chose comme une bonne blague qui vous tombait dessus. et puis toutes les vieilles ficelles des gesticulations desopilantes, les premiers Chariot de la serie Mack-Sennett, les gifles qui se perdent sur les armoires-a-glace, la pipelette a ressorts et les trentesix chandelles, voila quelque chose, pour une fois, qui n'avait pas d'importance. II n'v a qu'a s'inchner devant le poignant visage de Greta Garbo dans la Rue sans Joie. Je ne cherche pas a vous fane comprendre. Les yeux d'une femme aussi belle et perdue de misere defaillent sans cesse avec une puenlite sauvage. Mais ll y a la autre chose, sur quoi je ne saurais insister, et qui est ties grave. Elle semble mourir, elle semble parfois toucher au-dela de sa perte.