La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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LA CRITIQUE DES FILMS L'ETUDIANT DE PRAGUE, par (Armor) . Henrik. Gai.een Pour la premiere fois un film nait, se deroule et se denoue sous le signe du demon et de l'aventure. II s'agit non pas d'une aventure dans l'espace, mais d'une aventure dans le temps : le retour a des periodes sombies et magnifiques. L'epoque du romantisme allemand dont l'eclat passionnant n'est pas pres de se ternir a nos yeux; la vie des etudiants en 1 820, hantes par la metaphysique, la plus dechirante, l'amour sans espoir, les idees revolutionnanes et Faust. L'epoque de Novalis et de Kleist. II y a de plus des homines qui engagent leur vie entiere dehberement sur un seul acte, connaissant la vraie liberte de tous se permettre en risquant tout. Mais c'est aussi la plus angoissante aventure de 1'etre que joue un Don Juan, plus passionne et moins humain, a egale distance de 1'orgueil et de la mort. L'intervention du diable dans YEiudiant de Prague est aussi logique que celle du jeune premier tendre et sportif dans les comedies americaines. L'espace trahissait deja l'inquietude des choses; les paysages se deduisaient d'une lumiere trop crue et trop tranchante pour etre celle de nos matinees de vacances. Un profil sans ombre, un rire sans fond se dessinaient sur chaque mouvement. Alors ce n'est plus l'air qui est etouffant, mais l'espace lui-meme; la lumiere n'est plus qu'un expedient destine a donner du relief aux evenements et aux mouvements de la nuit ; elle est bannie du film dont une partie seulement doit etre vue, le reste se laissant deviner a travers les operations magiques de la nuit. Le mystere le plus irremediable a pu eclater : un Homme est sorti d'un espace de miroirs et desormais ll marche a cote de vous; c'est au coin de toutes les rues, au coin des bois que vous le rencontrez; c'est alors que vous pourrez fuir sans treve avec la certitude d'etre rejomt. Le demon abat les cartes au detour de chaque image et gagne a chaque coup. La damnation atteint les arbres, le vent, surtout les miroirs, le silence et la nuit. Des lors la lutte n'a plus qu'une issue legitime : la mort clans laquelle Phomme reconquerra les glaces. Dans tout le cinema, ll n'existe pas de scene plus bouleversante que celle ou Baldwin voit son double sortir de la glace et se mouvoir dans le meme espace que lui, sans aucun pouvoir desormais sur lui. Jamais je n'ai eu aussi physiquement (ni au cinema ni ailleurs) la sensation d'etre le temoin, en quelque mesure actif, du mystere le plus irreductible d'etre au centre de 1'angoisse la plus absolue : l'audela de chaque objet, l'enigme sans fond de ce qu'il y a apres chaque chose, une fois soulevees les apparences. C'est ainsi que le cinema trahit la realite qui se prete a lui, la demasque et parfois dechire l'epiderme des choses pour nous les hvrer sanglantes et vierges. Une simplicite elementaire, l'interpretation de Conrad Veidt et de Werner Krauss, donnent a ce film tout son sens et toute sa portee dans 1'angoisse. D'ailleurs le metteur en scene n'a pas voulu bafouer le fantastique par un tour de passe-passe humonstique dans les dernieres images ni chercher, comme faux-fuyant, l'excuse de la folie. Nous voyons et nous savons que Baldwin succombe dans une lutte reelle et reellement infernale. PIERRE AUDARD. OMBRES BLANCHES, par W.-S. Van Dyke (Cosmopolitan-M . C. M.) . Un heureux debut pour le procede sonore Metro Movietone. Ombres Blanches nous ramene une fois encore dans cette lie paradisiaque d'une Oceanie a jamais perdue, oil parmi les enormes et dramatiques plantes tropicales, sous un vent chaud et lent qui apporte d'appetissants nuages, vivent comme des oiseaux d'admirables et fugaces creatures. Flaherty a contribue, j 'ignore dans quelle mesure, a la realisation de ces While Shadows of the South Seas ou