La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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DU cin£ma LES DEUX TIMIDES, par Rene Clair (Albalros SequanaArmor) . On avait admire Un chapeau de paille d'ltalie. Mais il semblait bien entendu qu'un tel film ne supportait ms d'etre recommence, et Clair le sait mieux qu'un autre. Car il y avait la une bouffonerie etincellante, un mouvement de verve sans doute trop reussi puisqu'il reussissait a chaque coup, et il y avait une duperie qui fut le gros succes et qui consistait dans l'argument suivant : « la scene se passe en 1890 ». Aujourd'hui, c'est fini. Les salles specialises usent encore du drame d'avant-guerre (il n'y a pas de quoi rire) que <ja en degoute tout le monde. C'est pourquoi les deux timides sont habilles au gre des catalogues de mode contemporains. Mais pas tout a fait, voyez-vous. Ces messieursdames ont de 1' Albert Guillaume et du Courteline en eux, sur eux. Nous esperons que la troisieme fois... C'est tres genant. Je ne vois pas ce qui empecherait de continuer, et de reprendre le repertoire des jeudis de l'Odeon pour amuser tout le monde, amuser agreablement. Ce n'est pas impunement qu'on se fournit de themes drolatiques chez un monsieur qui avait peut-etre de l'esprit, mais a faire eternuer les lyceens et les grand'meres. Ce n'est nen. II y a certainement ici un effort pour passer de la comedie au comique J'aime que Rene Clair ait foutu toute sa troupe par terre dans une bousculade generale accentuee d'une petarade de village, qu'il y ait d'ahurissantes menaces de mort sous conditions, enfin qu'on soit toujours un peu sous le signe irresistible de 1' « arrivera-t-il a temps ? ». II n'est pas douteux non plus qu'avec une sensibihte aussi surement caricaturale, Clair ne soit entrain de creer une belle suite de personnages grotesques, idiots, francais. Une fete foraine bien parisienne : le maire, le fiance, le facteur, le jaloux (non, non, 1' « evince ». Je pensais a ces glorieuses femmes souriantes qui sement le desordre dernere leurs epaules et offrent leurs bras avec tant d'insolence.) Je ne sais quelle est la vraie « timidite » qui embarasse ce film, quelle crainte d'exagerer, quelle retenue de bon gout. Avec une si belle lumiere, des accessoires comiques tout neufs, des acteurs (Batcheff. Feraudy, Jim Gerald) qui s'amusent, tous les details dune drolerie a portee de la main, on a peur d'avoir devine avant chaque image. Ce film comique, il n'est jamais feroce. ANDRE DELONS. LONESOME (SOLITUDE), par Paul Fejos (Universal) . Le sujet de Lonesome, selon la formule chere a Clarence Brown, peut etre expose en dix lignes. Quelqu'un a eu un petit eclair derriere l'ceil, une hallucination precipitee et, passee l'excitation de la trouvaille, a pu avoir la perseverance de pousser 1'idee « il y a la de quoi faire un film ». Un decoupeur professionnel possedant quelque imagination pourrait retenir ainsi chaque jour une douzaine de visions brusques dont, s'il en avait le temps, il ferait autant de scenarios naturels et attrayants. L'action condense en quinze heures d'horloge les chances et les peines que, pendant des jours ou des mois, peuvent traverser une femme et un homme destines a s'unir. Car il s'agit de la solitude de deux jeunes etres simples et en bonne sante perdus au milieu de l'agitation desesperee de millions d'individus esclaves de la pendule et du salaire hebdomadaire. Fejos a insiste, avec adresse, en quelques images descriptives adequates au mouvement du film, sur la stupidite de cette effroyable vie mecanique. Les deux jeunes gens sont isoles seulement par la cloison qui separe leurs chambres respectives, mais il faut le tourbillon de Luna Park ou ils vont oublier la chaleur et le desceuvrement d'un samedi apres-midi pour qu'ils puissent se decouvrir et se connaitre, — apres bien des battements de coeur, des joies timides, des confidences, des folies reconfortantes, des emotions a bon marche et une separation courte mais a ff reuse. Les deux personnages sont amines a la perfection ; ils vivent dans l'ecran, comme sans le savoir, emportes par le courant du film. L'impayable Glenn Tryon a reussi le type le plus sympathique d'ouvrier gentil, adroit et spirituel. Barbara Kent a, dans son jeu, des reactions ties personnelles ; jolie avec moins d'eclat que Dorothy Mackaill ou Corinne Griffith par exemple, elle est peut-etre plus touchante dans son role de petite Amencaine insouciante mais sensible, et exigeante avec reserve et finesse. Paul Fejos a rendu avec une science abondante l'atmosphere electrique et le rythme forcene d'une journee newyorkaise. II a su, par une prise de vues d'une rare souplesse, adapter les differents decors aux necessites d'un decoupage que l'ordre, la precision et l'utilite vitale des plans revele minutieux, — la richesse des images, toutes fortes et pleines, est due a un extraordinaire miroitement de details. Solitude est le modele du film bien venu qui coule rapidement sans penodes stagnantes, explicatives avec gaucherie. introduites pour allonger ou placees pour favoriser la naissance de ces insoutenables scrupules qui flattent avec politique on sait quelle sotte morale. JEAN GEORGE AURIOL. LE CHANT DU PRISONNIER, par Joe May, sous la direction d'Erich Pommer (Ufa-A.C.E.) . On ne peut trouver a aucun moment, dans ce film, nen qui soit absolument nouveau, au point meme qu'il semble que son metteur en scene l'ait desire, et qu'on doute de le voir pour la premiere fois. Pourtant, le film n'a rien d'une raclure, et bien que les images qui s'abattent lentement soient sous le signe de Murnau, elles sont loin de former un vulgaire placage. On a brillamment reproche au scenario de trahir et de fausser le sens de la nouvelle de Leonard Frank, dont il s'inspire. Ces questions m'interessent peu, et, au surplus, j'estime que l'histoire que j'ai vue (oil c'est l'homme qui a le plus souffert, mais aussi l'homme qui vient reprendre pos?ession d'une femme parce que c'est sa femme, qui est chasse