La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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SCENARIOS Ceux qui, apres plusieurs annees, ont revu Le Camnet du docteur Caligari ont pu se convaincre de !a lourde erreur que la plupart avaient commis lors de la sensationnelle projection au Cine-Opera. C'est qu'en effet ce film, a propos duquel on a parle de cubisme, d'expressionnisme, de modernisme, est purement et simplement un film romantique. Mais la lecon qui se degage de son exemple serait mediocre si elle ne permettait de juger les erreurs commises dans la cinematographic et tout le mal que !a technique a pu apporter, par une comprehension maladroite, dans le cinema allemand, en ce cas particuher, et dans tout le cinema en general. Les decors scandaleux a 1'epoque, du Cabinet du docteur Caligan sont, en effet, stnctement conditionnes par le scenario. Scenario exigeant, scenario admirable s'il en rut, scenario qui regentait le film entier comme cela se doit, interdisait aux artistes d'etre seulement des acteurs et formait tout 1'interet du film. Les imitations imbeciles de ce him, toute lengeance tarabiscotee, deformee, artiste pour tout dire, furent le fait de metteurs en scene pour qui le decor et quelques mediocres trouvailles d'eclairage etaient le prctexte a animer des histoires sans interet. Cependant un film admirable, bien supeneur a Caligan par la realisation, passait inapercu : Nosferatu le Vampire, ou nulle innovation n'etait arbitraire, ou tout etait sacrifie a la poesie et nen a l'art. Mais, lances par la volonte de metteurs en scene oubheux de leur role, les artistes allemands, obliges de remphr un paysage absurde par des gestes derisoires, ne tarderent pas a donner a ceux-ci une importance ridicule. Ce ne furent plus, a quelques exceptions pres (Le Cabinet des Figures de cue) , des heros qui s'agiterent dans les films d'outre-Rhin, mais des acteurs. La len teur du ]eu, le cabotinage des attitudes, la mimique remplacerent Taction. La comedie allemande du cinema etait creee. Nous lui devons quelques mauvais films a grand succes. La comedie francaise du film s'organisa par des voies plus etroites encore. En France, en effet, le cinema n'a cesse d'etre tenu en tutelle par le theatre. Celui-ci, arrive au bout dune laboneuse existence, a tout fait, consciemment ou non, pour reduire a l'esclavage ce rival dangereux. On peut dire que c'est en France qu'ont ete commises les plus nefastes bevues: Adaptation de pieces ou de romans; Vedettes confiees a des acteurs de theatre; Mise en scene thealrale et non cinematographique. Le desir de faire bien francais a une epoque ou MM. de Flers et Rostand exprimaient l'esprit officiel nous a valu ces scenarios dont je me contenterai de dire pohment qu'ils sont betes, ces acteurs ridicules auxquels dix ans de cinema amencain n'ont nen appris et qui « miment » leur role au lieu de le vivre, pauvres pantins, et ces reconstitutions laborieuses avec des meubles du temps que le moindre eclairage adequat eut remplace avec luxe. ■ Quant a 1'Amerique, apres dix ans d'apogee (a quoi bon citer des noms?) , voila qu'en ce qui concerne le cinema, elle tombe dans le meme travers que pour la morale et la vie. L'Amenque se laisse conquenr par l'Europe comme ladis les peaux-rouges par les protestants. Nous faisons mal : lis feront plus mal encore. A eux les scenarios psychologiques, les acteurs cabotins, les mises en scenes pretentieuses. Adieu, belles aventures de jadis, femmes enlevecs sur des chevaux impetueux, incendies, amours sauvages, nauf rages pathetiques! Le cinema amencain nous prepare des superfilms franco-allemands revus et augmentes.