La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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DU CINEMA sance du cinema (ce qui a fait et fera longtemps l'objet de livres et de conferences variees) , mais de notre naissance a ses ceuvres. Aujourd'hui que le Cinema occupe de si beaux appartements, on n'aime guere a se souvenir des temps difficiles, des apres-midi ratees ou Ton s'enfilait dans un petit couloir chauve pour contempler ce rega! : « Rigadin fait des siennes ». Mais si j'insiste, c'est que seuls quelques esprits bien nes s'en souviennent encore, et qu'ils n'en font pas a proprement parler un souvenir (ce qui nous ramenerait aux livres et conferences ci-dessus mentionnees) , mais une experience qu'ils continuent, qu'ils retrouvent, qu'ils renouent; que cette vivacite et que cet etonnement les eloignent a jamais des petits batards de luxe et des amateurs de profession qui les coudoient, et parce que, enfin, sous des signes divers, fortuits et mal definissables, j'ai la certitude que c'est pour eux et pour eux seuls que les cinemas s'allument tous les soirs. ■ On imagine alors combien sont nombreux les films « perdus » qui font la ronde autour de nous. Et quelques-uns meme sont « perdus » a nos yeux alors que rien n'est plus facile, cependant, de les trouver, et quelques-uns meme, qu'on croirait « perdus » ne sont guere a nos yeux que de grossiers simulacres abandonnes, bons seulement a rejoindre la pegre des litteratures truquees. Cette strategic ne manquera pas de paraitre obscure et difficile. Tant mieux. C'est parfait. On a de l'instinct ou on n'en a pas. Et de cette maniere, puisque 1'itineraire est juge trop complique et que certains detours sont reconnus impossibles pour des souliers delicats, nous sommes tranquilles, et le snobisme ne sera pas avec nous. C'est une grande chance. On est sur au moins qua nos carrefours ne stationneront point les imbeciles. ■ « Le Cheval Cupidon », belle allegone qui permet a la fois les quiproquos amoureux et les exaltations hippiques, est un film comique. Comique vraiment, je dis bien comique. II est de la race des cataclysmes en quinze minutes. II a sa place marquee dans la serie des extravagances du cynisme. Comme ses freres ebounffes et qui ne demandent qu'un minimum d'attention, qu'une complaisance de passage, il se fout du monde, et n'attend pas le regisseur pour commencer a tout detruire. II pousse l'insolence jusqu'a partir sans intrigue, s'en remettant aux degringolades d'en etablir une. II a le don d'impatienter les gens, dieu que c'est bete, qui regrettent d'etre arrives trop tot, il les laisse achever leurs petits dialogues particulars en toute indifference. Voila bien un film perdu. Mais attention. Figurez-vous je ne sais quel cheval, avec une ecuyere et un vieux monsieur. Le vieux monsieur donne un grand banquet. II se leve, il annonce une surprise, il court chercher son cheval pour l'amener en triomphe brouter la table d'honneur. Mais le cheval proteste. Le vieux monsieur, son ecuyere et quelques amis sont projetes par lui a diverses hauteurs et retombent au milieu de la salle dans des positions bizarres. Les convives n'ont pas cesse d'applaudir, aucun n'a bouge, ils sont contents. Ces personnes ne s'etonnent pas facilement. On a du verser du bromure dans leurs coupes. Mais le plus singuher c'est que je deviens moi-meme impassible. Leur froideur et leur beatitude me gagnent. C'est un fait, installe au milieu des reservees quatre-cinquante, il semble que l'ebnete sournoise et placide de mes invites ahgnes devant moi, soit contagieuse. Cette petite histoire devient genante. Et tout ca pour un film comique. Heureusement qu'apres il y a un film serieux pour tout remettre en ordre, il y a... (voir le programme). ■ Je ne passerai pas devant « Louisiane » sans m arreter. Car ce n'est pas un film, c'est beaucoup mieux, c'est une fie, une petite fie etincelante occupee par des figures de comedie et par des sentiments et par des aventures dont on salt depuis longtemps que, a se derouler sous une lanterne fumeuse, sous des rideaux decolores, entre des epees nerveuses, sous des yeux agrandis et dans un vehement apparat, elle est a la fois vraie et fausse, belle et vulgaire, deja vue et jamais vue, pleine de cicatrices et flambant neuve, bref, une de ces sarabandes attirantes remphes des pieges visibles ou chaque fois nous tombons. ■ Je ne passerai pas devant Dolores del Rio sans la reconnaitre, sans reconnaitre en elle le mouvement, le trouble et la defaillance de tout ce que j'admire. Cette femme imprecise et singuliere, peut-etre traversera-telle bientot des films enfin a sa hauteur. Mais il importe peu, et il m'en couterait d'insister. Le battement