La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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LE CINEMA ET LES MCEURS ENQUETE PERMANENTE Qu'avez-vous appris au Cinema ? Andre R. Mauge : En 1917, j'avais dix ans, j'aimais deja les gros revolvers, les camps indiens, les chevaux pie, et, sur les affiches, Elaine qui descend en courant la colhne, un rocher enorme sur ses talons, mais sur 1 autre versant, voici deja le jeune heros qui va l'attraper au lasso. Rio Jim, la ville chinoise, le bracelet-montre empoisonne, le pont tournant qui s'ouvre en deux et precipite l'auto des bandits dans la riviere. Mes camarades et moi, nous jouions aux Mvsieres de New-York, nous avions dans une maison en construction des repaires secrets que jamais personne nc sut decouvrir, nous courions les rues montes sur des mustangs invisibles, nous servions de guides aux soldats amencains qui ne pouvaient trouver le bordel, et eux nous donnaient des pommes, ou du chewing-gum, que, dans notre candeur, nous avahons. Plus tard, j'ai decouvert Wallace Reid, et c'est depuis ce temps que j'ai le gout des belles cravates, des cheviottes melangees, des autos en nickel, des souliers de sport en cuirs de plusieurs couleurs, avec des semelles en caoutchouc blanc. Sans parler d'une preference marquee pour les yeux clairs et les mentons a fossette. Cette penode fut d'ailleurs assez belle. Les films commencaient par: « Dans cette grande metropole... », et puis Ton voyait New-York a vol d'oiseau, et un port plein de navires et de fumees. Gloria Swanson etait encore dans toute sa splendeur, elle avait au menton une mouche en forme d'etoiles, des robes toutes en queues d'hermine, et des talons plus hauts qu'aucune autre femme au monde. « Le Calvaire de Mme BelleroVi », « Zaza », « La Cage doree ». Mae Busch dans « Folies de Femmcs », Richard Dix dans « Ames a vendre », Barbara La Marr dans « Les Orchidees Noircs ». Les peaux d'ours, les portes derobees, les longues traines sur les escaliers, les gros plans dun pied sur l'accelerateur, les coffres-forts dans les murs des chambres a coucher, les vues en plongee sur les rues pleines de monde, les mains qui hesitent a presser un bouton de sonnette, les femmes qui enjambent une balustrade, on voit la peau au-dessus des bas, les gens qui tombent en s'accrochant a un rideau qui cede, les chapeaux revelateurs oublies sur un divan, les gros plans d'une cuiller qu'on enfonce dans de la mousse de foie gras, les larmes au bord des paupieres fardees, les trains qui roulent au fond des ravins, les fetes dans les piscines, les singes echappes qui ont commis le crime, l'ombre d'un policeman sur le mur, les ecriteaux No Parking, le coupepapier qui ouvre une lettre, la corde qui se tranche peu a peu, la sunmpression sur une pendule qui marque huit heures de la meme pendule qui marque minuit, la glace a la vanille qui tombe dans un decollete, le chien qui nt, l'orgue de Barbarie, le bateau qui s'en va, le dernier dollar, le talon decloue, voila tout ce qui a occupe ma vie. Maintenant, je vais au cinema a peu pres tous les jours. J'ai appris, en douze ans, bien des choses. Je sais que pour faire tomber quelqu'un a distance, il suffit de tirer brusquement le tapis, et il tombe; que pour arreter un train, il faut se mettre en travers de la voie dans une Ford, et il s'arrete. Je sais comment on mange les bananes, les asperges, et meme les pamplemousses. Je sais qu'en Amerique on monte dans les wagons grace a de petits escabeaux. Je sais qu'a Noel les exiles, les solitaires, regardent a travers les vitres les families heureuses groupees autour de l'arbre, et qu'alors, accables soudain, ils remontent le col de leur pardessus et disparaissent dans le brouillard. Je connais au moins vingt manieres differentes de fumer, que