La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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DU CINEMA Les Damnes de I Ocean tion ! le geant bondira soudain, ll brandira son couteau... On attend avec terreur la police. Et on jouit pleinement, on jouit royalement du petit entr'acte entre deux horribles souffrances, on en profite pour embrasser, pour crier, pour cracher, pour pleurer, pour bone, pour chanter, pour boir: encore, pour debiter nresistiblement des betises... On plonge dans l'ivresse comme dans une mer tiede et caline. On lance son cceur au gramophone: qu'il le bouffe. On reve eperdument, a haute voix. Poesie stupide, imponderable, poignante. Abstraction est faite, totalement, de la vie sociale ennuyeuse. On s amuse. On est nu. On jongle avec la terre et le ciel. On s'evade. Plutot que de tourner des grands films sans fautes de gout et pleins de bonnes intentions, de cultiver la calligraphic photographique, de surveiller etroitement les acteurs, Joseph von Sternberg devrait filmer, sans nul metier et tout ingenument, quelques simples impressions de bar et de bouge. Ainsi il nous donnerait peut-etre un peu de vraie poesie. Michel Gorel. LA RAFLE (The Drag-Nel) , par JOSEPH VON STERNBERG (Paramount) . On sait assez quelle espece d'admiration nous pro! pour Sternberg. Avec quelques tres rares autres, il a donne au cinema le moyen de contemr dans ses limites certaines realites morales a faces dures, certains vertiges accentues du malheur et de l'amour, qui seront ses ventables pieuves devant l'esprit. C'est pourquoi il me parait urgent, et dans la mesure meme oil il convient de sauvegarder la purete de ses premiers films, de reagir avec violence contre sa derniere osuvre, La Rdfle. Le piege etait depuis longtemps tendu, ce chantage aux effets irresistibles, et depuis longtemps les autres y sont tombes. II y tombe a son tour, et lourdement, avec evidence. Nous avions deja vu, avec Club 73 et Le Loup de soie noire, le truquage sentimental s'exercer, et pleuvoir les conversions touchantes. Ici, c'est encore mieux, et Bancroft est devenu un pohcier, une bournque un peu adroite et a u cceur sensible, malgre tout. On comprend la vie. II devait etre sympathique : on a done verse dans ses prisons des bougies flasques, crapuleux et amorphes. II fallait aussi « distribuer > Evelyn Brent. On lui a donne un personnage sans conviction ei un role d'apparat dont elle parait ne savoir que faire. loul est faux, archi-faux, et d'une morahte degoutante. Quelques scenes des Nuits de Chicago, choisies parmi les plus sublimes, reparaissent presque image pour image, par exemple ce Bancroft ivre, lucide et depenaille, qui deambule vers sa vengeance, par exemple le fouilli froid des serpentins. C'est une speculation qui ne manquera pas d'etre fructueuse et de produire sa petite sensation et sa petite recette. On a specule sur Evelyn Brent, sur Bancroft, et meme sur William Powell. On a use de l'arme a feu et du repentir. Enfin une intrigue completemnnt ridicule et cuite a point a permis d'obtenir le metrage necessaire. Des coups de poing meme plus inattendus, des mimiques superflues parce qu'on pouvait les retabhr de memoire, font tout ce film, qui, par surcroit, est policier, dans le sens litteral du terme, cette fois. Cela dit, vous pensez bien que je ne vais pas m'amuser a vanter la photographie, a louer les eclairages, a proner le rythme, toutes choses dont on sait qu'entre les mains de Sternberg elles sont souvent parfaites. Si le film dit d'aventures doit en arriver a cette mascarade et a ce poncif, il vaut mieux qu'il s'arrete. Si un drame d'une fatalite aussi poignante que les Nuits de Chicago doit se parodier dans des combinaisons de ce genre, il vaut mieux ne pas lui en tenir compte. Notre complaisance est grande, nous sommes de meche avec les meilleurs trues, ceux qui sont propres a contredire ou a bouleverser des i tesques, mais c'est justement pourquoi nous ne voulons pas des chantages divers et des diverses caricatures qui, a leur lumiere, tenteraient a leur tour de nous forcer la main. Andre Delons.