La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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une seconde plus tot ou plus tard, le son parvient a vos oreilles. Je pense bien. II est evident que les compagnies americaines ne se seraient jamais donne la peine d'exploiter linvention s'll en etait autrement. Ce sont des types de meme acabit qui, dans peu de temps, iront guetter le passage de la voix de Lupe Velez sur une note qu'ils connaissent bien, sur laquelle on ne la leur fera pas, et vous verrez leur sounre satisfait, miroir aux tartes a la creme, si elle a chante comme un oiseau et non pas comme une pnma-donna. Comptant sur leur clientele, on aura fait venir sur l'ecran tel baryton dont les dents en or feront noir, dont le sounre est couture et dont le gosier vu a la loupe nous degoute. Je le dis tout de suite, je n'arnverai jamais a admettre, a supporter les grimaces d'une bouche distendue par les hurlements d'opera. Mais revenons done a la question du realisme : je reclame toutes les possibility « realistiques ». Je suis inquiet de savoir si le crissement du gravier sous les roues d'une carriole peut, au premier coup sur le tympan, s'imposant irrefutablement a l'oreille, se distinguer du bruit d'une crecelle ou du son que donne un peigne en passant dans une chevelure electrisee par l'orage. II faudra peutetre faire l'education des oreilles, mais il faut que, par leur intermediate, on puisse offrir a l'esprit des revelations, aussi distinctes, nuancees, impressionnantes que celles qui passaient par les yeux. II s'agit d'avoir le vocabulaire sonore le plus riche possible, pour nous permettre de nous exprimer sans mentir malgre nous, sans etre retenus ou influences pour des raisons techniques. Je repeterai bientot des phrases analogues au sujet de la couleur et du relief. Je desire obtenir sur l'ecran les couleurs exactes des choses, sinon je serai dupe d'un caprice chimique dont les resultats n'auront pas la seduction des couleurs « a la main » d'avant la guerre. Ah, vous pensez que je prepare des' images d'Epinal. Je dis trop de choses, vous allez croire que si je prends la peine d'enoncer tout ca, e'est que je me propose d'edifier une theorie. Non. Je parle pour ma liberte, pour la liberte de ceux pour qui le cinema ouvre une fenetre sur l'amour, une vie, l'eternite. Nous allons voir et entendre des histoires 100 % effroyables. L'ecran va etre encombre de vieilles cantatrices, de voix celebres, de beaux parleurs. Chaque goutte d'eau tombant sur du zinc, chaque ronflement de machine, chaque friture dans la poele sera une ceuvre d'art. Et je vous annonce les roucoulis, les ricanements, les dialogues narquois dans des salons bien modernes (verreries de Lalique, ferronnerie de Brandt, etc..) tout un sale attirail dramatique deterre, replatre, pouvant toujours servir, et toute la faussete, le detestable prestige des mots, le pouvoir lourd et trompeur des paroles creuses qui impressionnent les foules. 46