La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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ment un role d'officier allemand : c'est Stroheim qui Ie joue dans les Cceurs du monde (D. W. Griffith) et Pour ihumanite (Allen Holubar), deux de ces bandes qui eurent un grand succes. Quand on revolt ces films qui ont sinistrement vieilh, ll n est plus permis de commettre l'une des deux erreurs contradictoires dont Stroheim est l'objet : la premiere, c'est de ne voir dans son interpretation que l'admirable exercice d un acteur de composition. L autre, c'est d imaginer qu'il s'est borne a vivre son role, supposition qui trouva facilement credit aux Etats-Ums (ou les acteurs sont classes suivant le degre de moralite des personnages qu'ils incarnent) et que repandaient des rivaux mteresses a faire passer Stroheim pour un traineur de sabre, un seducteur professionnel et un assassin d'enfants en bas age. A vrai dire, l'appantion de ce nouveau personnage sur l'ecran etait assez mquietante pour obliger chacun a sen fournir sur-le-champ une explication necessairement inexacte. On ignorait encore que ce caractere depassait de beaucoup les huts immediats auxquels on le faisait servir. Mais une image s'etait deja imposee : celle de cet officier d une elegance glacee, poll avec affectation, correct avec raideur, dont 1 lmpassibihte conventionnelle trahit sans cesse une sensuahte et une cruaute plus exigeantes d'etre contenues ; au-dessus de cet uniforme, pivote une tete massive et polie, oil le regard eclate soudain, trop brutal pour qu'on y puisse distinguer entre la joie et la fureur. Les passions de la foule a ce moment suffiraient d ailleurs a expliquer le succes que connurent ces compositions de Stroheim et qui lui valut d'etre engage par Carl L.aemmle en 1919. Maitre de son travail, puisqu'il a compose le scenario et qu'il dinge la realisation du film qu'il interprete, Stroheim laisse entendre aussitot que la perfection avec laquelle ll tient son role vient de ce qu'il y trouve de quoi servir de lointaines rancunes. Dans Blind husbands (La loi des montagnes), tout est sacnfie au plaisir d'accuser la bassesse et la lachete du protagoniste. Le consentement public encourageait certainement Stroheim a preciser, a parfaire les traits du personnage qu ll ne cessait d incarner, mais seule une haine personnelle, une comphcite secrete, expliquent l'acharnement avec lequel l'homme s'est attaque a ce fantome, le temps qu'il a mis pour triompher de cet envoutement, la lenteur de ses progres dans cette voie. En depit des apparences, rien nest plus eloigne de cette attitude que la complaisance qu'un acteur met a repeter son role a succes. Pour 1'instant encore, Stroheim se sert des plus bas procedes de melodrame pour accabler cet ennemi auquel ll prodigue la vie. Cette indifference dans le choix des moyens favonsa une confusion qui tourna provisoirement au benefice de l'auteur. Le poncif de l'mtrigue et des caracteres fit passer la violence qui s'y manifestait et celle-ci donna un attrait exceptionnel a des situations dont on se lassait deja a l'epoque. 21